Le boulevard du Montparnasse en plein confinement en raison de l’épidémie de Covid-19 (crédit : Les Montparnos, mars 2020)
Au début du confinement du printemps 2020, le boulevard du Montparnasse était désert, seules de rares voitures circulaient sporadiquement. Un passant qui comme moi est sorti faire quelques courses, s’étonnant de ce silence, me dit que ça lui fait penser au 14 juin 1940, lorsque les parisiens s’étaient enfermés chez eux sachant que les allemands allaient entrer dans la capitale.
Loin de moi l’idée de comparer la crise du Covid-19 avec la seconde guerre mondiale, mais en ce jour anniversaire de la Libération de Paris, la remarque de cet inconnu me revient en mémoire.
Si comme pour moi, vos cours d’histoire du lycée sont un peu loin, cette vidéo, réalisée en 2018 à partir d’archives, résume en 5 minutes les temps forts de la libération de Paris :
Débarqués le 6 juin 1944 en Normandie, les alliés avancent difficilement vers l’Est. Les parisiens s’impatientent et veulent passer à l’action. Un climat insurrectionnel émerge. Les cheminots, les forces de l’ordre, les postiers, les ouvriers se mettent en grève. Le 18 août, le colonel Henri Rol-Tanguy, chef régional des Forces françaises de l’intérieur (FTP-FFI), appelle à l’insurrection. Le lendemain des barricades se dressent, des bâtiments officiels tombent aux mains des résistants et les affrontements sont de plus en plus violents.
Face à l’insurrection parisienne, le général Eisenhower, commandant en chef des forces alliées, qui préconisait d’abord de contourner Paris, se rend compte le 20 août de l’urgence de la situation et Charles De Gaulle finit par le convaincre d’envoyer des renforts français. Le 22 août 1944, la division blindée (DB) du général Leclerc fonce sur la capitale et après deux jours et deux nuits de combats aux abords de la ville, la 2ème DB entre le 24 août dans Paris, suivi par la 4ème division d’infanterie américaine. Le 25 août 1944, le général Leclerc établit son quartier général dans la gare Montparnasse. Elle constituait un endroit sûr, disposant de lignes de communication en état de marche.
Le général Dietrich von Choltitz, gouverneur militaire de la garnison allemande à Paris, est capturé dans l’après-midi à l’hôtel Meurice, son quartier général, situé Rue de Rivoli. Il signe l’acte de capitulation à la Préfecture de Police, sur l’Île de la Cité, puis est transféré à la gare Montparnasse pour signer l’acte de reddition de l’ensemble des forces allemandes sous son commandement.
Embed from Getty ImagesL’image originale montre debout à gauche, le capitaine Betz, interprète du général Leclerc. Assis à droite, le sous-lieutenant Braun, de l’état-major de la 2ème DB (Crédit : Photo by Keystone/Getty Images).
Cette photographie recoupée pour rendre l’instant plus solennel et faire disparaître le personnage de droite, le sous-lieutenant Braun absent lors de la reddition de von Choltitz, n’est en réalité pas la photographie de la reddition car il n’existe aucune photographie de cet instant. Cette image a été prise dans le bureau 32 donnant sur la voie n°3 de la gare Montparnasse et serait, d’après Alfred Betz qui se serait confié à Pierre Bourget (« Paris 44, occupation, libération, épuration« ), l’instant où von Choltitz fait une lettre de réclamation pour retrouver sa cantine personnelle qui aurait disparue à l’hôtel Meurice. Entrant alors dans la pièce, un photographe américain a immortalisé la scène et l’image a été publiée avec comme légende : « Von Choltitz signe la capitulation ».
Le général Leclerc signe quant à lui au nom du gouvernement provisoire de la République française, et une copie fut également signée par le colonel Rol-Tanguy. Le général de Gaulle est accueilli à la gare Montparnasse par Leclerc qui lui remet l’acte de capitulation de Von Choltitz.
Dans ce film muet conservé par l’INA, De Gaulle retrouve Leclerc à la Gare Montparnasse, ainsi qu’Henri Rol-Tanguy, Marie-Pierre Koenig et Jacques Chaban Delmas. Le Général se rend ensuite à l’Hôtel de ville (où il prononcera son célèbre discours « Paris libéré » qui sera retransmis à la radio).
Cet article illustré de quelques images prises dans le quartier de Montparnasse retranscrit très imparfaitement ce qu’a du être cette intense journée du 25 août 1944 pour les parisiens. Heureusement de nos jours, et j’espère encore pour longtemps, la seule occasion de voir des chars à Montparnasse est pour le 14 juillet.
Jusqu'au 1er juillet 2018, le Musée du général Leclerc de Hautecloque et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin était situé au niveau du Jardin Atlantique au-dessus de la gare Montparnasse. Malgré cette localisation symbolique au regard de l’Histoire, le musée souffrait d’un manque de visibilité. Depuis il a déménagé sur la place Denfert-Rochereau, dans l’un des deux Pavillons Ledoux, qui abritait l’ancien poste de commandement du colonel Rol-Tanguy, responsable régional des FFI pour l’Ile-de-France et meneur de la résistance parisienne. Le nouveau Musée de la Libération de Paris – musée du Général-Leclerc – musée Jean-Moulin a été inauguré officiellement le 25 août 2019 à l'occasion des 75 ans de la Libération de Paris.(Crédit photo : Les Montparnos, août 2019)
Plusieurs des photographies qui illustrent cet article ont été prises par Pierre Jahan (1909-2003).
« En tant que membre du Comité de la presse clandestine, je me suis trouvé mobilisé le 20 août 1944 sous les ordres d’une grande gueule de journaliste qui, la veille, s’était offert deux galons de lieutenant. » Vous devez être partout où ça tire « , consigne d’autant plus facile que ça tirait de tous côtés. «
Pierre Jahan
Pour en savoir plus sur la libération de Paris, consultez les sites Wikipédia, Libération de Paris – 19-25 août 1944, L’histoire par l’image.