Un hôtel particulier à l’abri des regards

Vous avez peut-être déjà remarqué l’hôtel particulier enlisé dans un immeuble de rapport à l’angle du boulevard Montparnasse et de la rue de Vaugirard, mais connaissez-vous son histoire ?

L’Hôtel de Turenne, rue de Vaugirard à l’angle du boulevard Montparnasse (6e arr.) dessiné par Léon Leymonnerye (1803–1879), en 1848 (source : CCØ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris).

Au croisement du boulevard Montparnasse et de la rue Vaugirard, j’ai toujours été intriguée par l’ancien hôtel particulier en pierre de taille qui a été surélevé de trois étages et dont la façade est cachée par un bâtiment moins élevé, qui fait l’angle.

Angle du boulevard Montparnasse et de la rue de Vaugirard (crédit : Les Montparnos, juillet 2021)

On peut entrevoir la façade de l’hôtel particulier lorsqu’on se rend à la hauteur du 25 boulevard du Montparnasse, où l’on trouve un portail en fer forgé et une étroite ruelle privée. Il ne m’en fallait pas plus pour investiguer.

La ruelle privée du 25 boulevard du Montparnasse laisse entrevoir la façade de l’ancien hôtel particulier (6e arr.) (crédit : Les Montparnos, juillet 2021)

Lorsqu’on consulte la carte interactive de l’histoire du bâti Parisien, on constate que cet hôtel particulier a été construit avant 1800, tandis que le bâtiment qui en cache la façade s’est élevé là entre 1801 et 1850.

J’apprends par la même occasion qu’il s’agit de l’Hôtel de Turenne ou de Scarron référencé dans la base Mérimée. Sur la plateforme ouverte du patrimoine du Ministère de la culture, le bâtiment est également dénommé l’Hôtel du Duc de Vendôme. Difficile de s’y retrouver entre toutes ces appellations.

L’origine de l’hôtel particulier ?

En 1734, Michel-Étienne Turgot (1690-1751), alors à la tête de la municipalité parisienne, en tant que prévôt des marchands, confie à Louis Bretez (16..-1738), membre de l’Académie de Peinture et de Sculpture et professeur de perspective, le soin de lever et de dessiner le plan de Paris et de ses faubourgs.
Par contrat, il lui est demandé une observation de grande précision et une reproduction très fidèle, il dispose même d’un mandat de visite l’autorisant à entrer dans les hôtels, les maisons et les jardins.
De 1734 à 1736, il parcourt donc les rues de Paris, pénètre, muni de son laissez-passer, dans les cours des propriétés privées, dessine, îlot après îlot, façades, jardins et rues.

Grace au travail titanesque de Louis Bretez et de son équipe, on peut voir sur le plan de Turgot que l’hôtel particulier qui nous intéresse existait déjà en 1734. L’entrée se faisait au 132 de la rue de Vaugirard et il avait une sortie par les jardins sur la rue du Cherche-Midi.

En remontant encore un peu le temps, on repère une construction à l’angle de la rue de Vaugirard et du Cours du Midy (l’actuel boulevard du Montparnasse) sur le plan de Roussel de 1730. Je n’ai pas trouvé de plan plus ancien qui représente aussi les constructions de l’époque, mais cela ne veut pas dire qu’il n’en n’existe pas.

Sur le plan de Jouvin de Rochefort représentant Paris en 1672, à l’emplacement de l’hôtel particulier qui nous intéresse, on trouve une belle propriété clôturée au bout du faubourg Saint-Germain qui avait pour périmètre à l’Est, la rue de Vaugirard, au Nord, la rue de Bagneux, (l’actuelle rue Jean Ferrandi) et à l’Ouest, la rue du Chasse Midi (l’actuelle rue du Cherche-Midi). Par ailleurs au Sud, c’étaient des champs, les Cours du Midy (les actuels boulevards des Invalides et du Montparnasse) n’y étant pas encore tracés. Ils ne l’ont été qu’à partir de 1701.

Les différents propriétaires

Le bâtiment a été construit par le duc César de Vendôme (1594-1665)1 pour en faire sa petite-maison, où le maître et ses amis donnèrent leurs soirées galantes et leurs fastueuses orgies.
Vers 1670, il est acheté au nom d’un conseiller au Parlement. Une dame d’allure discrète et mystérieuse, élevant plusieurs enfants, s’y installe avec de nombreux domestiques qu’on dit muets.

La consultation du « Guide pratique à travers le vieux Paris » (1923) du Marquis de Rochegude et Maurice Dumolin (p. 462) permet d’en apprendre davantage sur les propriétaires successifs de cet hôtel particulier au n°25 du boulevard du Montparnasse : « Hôtel d’un sieur Thomé2, intéressé aux fermes générales et mari d’une femme de chambre de Mme de Montespan (1669), où Mme Scarron éleva, très probablement, les enfants du roi et de la marquise (1670-1674). »

Cette courte vidéo résume la vie de Madame de Maintenon, née Françoise d’Aubigné et veuve du poète Paul Scarron (1610-1660).

Dès 1669, Françoise d’Aubigné (1635-1719) est choisie par Madame de Montespan (1640-1707), favorite de Louis XIV, pour être la gouvernante de leurs enfants illégitimes. La veuve Scarron accepte seulement sur ordre formel du roi. De la liaison entre la favorite et le roi naîtront sept enfants adultérins3. La chose étant voulue secrète, on installe donc une sorte de pouponnière, rue de Vaugirard, à l’écart de la Cour et des regards indiscrets, où ils vivront jusqu’à leur légitimation le 20 décembre 1673.
Quand Mme de Montespan ressentait les premières douleurs de l’accouchement, Françoise d’Aubigné, qui n’a pas encore le titre de Mme de Maintenon, allait à Versailles prendre le nouveau-né, qu’elle cachait sous son écharpe, elle-même se cachant sous un masque et prenait un fiacre, pour revenir à Vaugirard et rentrer par la porte de derrière. Chaque enfant avait sa nourrice particulière.
Il semble que le roi Louis XIV y soit venu incognito rendre visite à ses enfants et c’est dans ces conditions que la veuve Scarron gagne la confiance et l’affection royales. Albert l’Eschevin en parle de manière peu élogieuse dans l’édition du 1er juillet 1895 du journal Le Soir : « Cette femelle de Tartufe, intrigante, féline, perverse avec des airs de prude sut prendre le roi à Mme de Montespan, sa protectrice. »

Allégorie de la musique par le peintre français, Antoine Coypel (1661-1727), avec Françoise d’Aubigné et cinq des enfants naturels de Louis XIV et Madame de Montespan, vers 1684 (source : Wikimedia commons)

Mais le secret était quelque peu éventé. Le 4 décembre 1673, Madame de Sévigné (1626-1696) écrit à sa fille : « Nous soupâmes encore hier avec Mme Scarron et l’abbé Têtu chez Mme de Coulanges. Nous trouvâmes plaisant de l’aller ramener à minuit au fin fond du faubourg Saint-Germain, quasi auprès de Vaugirard, dans la campagne, dans une grande et belle maison où on n’entre point ; Il y a un grand jardin, de beaux et grands appartements.« 

Pour les services rendus auprès des enfants, Françoise d’Aubigné reçoit 300 000 livres du roi de France, ce qui lui permet d’acheter les terres et le château de Maintenon et obtient le droit d’en prendre le nom avec le titre de marquise. Une fois les enfants de Mme de Montespan et de Louis XIV légitimés et de retour à Versailles, la maison est vendue. L’hôtel particulier passe de 1719 à 1727, au Grand-Prieur Philippe de Vendôme (1655-1727), arrière-petit-fils d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, après son départ de la maison du Temple, puis à Louis de Bréhan, comte de Plélo (1699-1734) de 1727 à 1735.

Au lendemain de son mariage, le comte de Plélo, y passe sa lune de miel avec son épouse Louise-Françoise Phélypeaux de la Vrillière (1707-1737). Le brigand Cartouche (1693-1721) et sa bande envahissent la maison. A la tête de ses domestiques, de Plélo réussit à les mettre en fuite.
Avant de rejoindre sa garnison, il dédie une poésie à sa femme qui débute par « Jours heureux que je passe en cette solitude, Ne précipitez point un trop rapide cours. »

L’hôtel particulier passe ensuite au marquis de Vilaines en 1740, à la famille de la Tour-d’Auvergne, puis est donné à la demoiselle Rey et à son fils naturel Godefroy de Follainville en 1778. Finalement il est saisi comme bien d’émigré et vendu en 1806. Plusieurs décennies plus tard, la maison qui appartient au chimiste Lucas, devient l’atelier du sculpteur Alfred Boucher (1850-1934). Le graveur, peintre et illustrateur Léopold Flameng (1831-1911) y a également demeuré à la fin de sa vie. Vous vous souvenez peut-être qu’il a notamment fait le dessin de la grande salle de La Californie à Montparnasse. Le 25 boulevard du Montparnasse aurait abrité différents artistes au fil des ans, car il semble que ce fût également l’atelier du peintre Paul-Elie Ranson (1861-1909).

Jusqu’à nos jours

Je n’ai pas pu déterminer avec certitude à quelle époque le pavillon est enlisé dans un immeuble de rapport, mais il semble que cela soit survenu à la fin du 19e siècle à en croire l’article du journal Le Soir en date du 1er juillet 1895 : « Chaque jour des coins du vieux Paris disparaissent, on vient de démolir en partie et d’enserrer en de hautes bâtisses monotones et bêtes une vielle maison qui a son histoire. Elle est bien inconnue des Parisiens. Sise au boulevard Montparnasse, presque au coin de la rue Vaugirard, elle est aujourd’hui défigurée par des raccords et des ajoutures, mais du jardin on peut en admirer encore la haute et sobre architecture, le style robuste et fort, l’allure imposante et sévère, ses macarons superbes.« 

Sur une carte postale ancienne, on note qu’à l’emplacement de l’actuel magasin « Art et Fenêtres », il y avait la « Rôtisserie de Montparnasse ».

L’entrée au 132 rue de Vaugirard, représentée sur le dessin en tête de cet article, a disparu. Concernant la façade sur jardin il est difficile de se rendre compte de nos jours, il faudra se contenter de la photographie de 1917 (ci-dessous).

Vue de la façade latérale, côté jardin, du 25 boulevard du Montparnasse (6e arr.) en novembre 1917 (crédit: Charles Joseph Antoine Lansiaux – source : CCØ Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris)

C’est d’ailleurs cette façade sur jardin qui a fait l’objet d’une inscription de l’hôtel du boulevard du Montparnasse, dit hôtel de Turenne ou hôtel de Scarron au titre des monuments historiques, par arrêté du 29 mars 1928.
Il est aujourd’hui une demeure privée, que l’on peut entrapercevoir au 25 boulevard du Montparnasse dans le 6e arrondissement de Paris.


1 Fils illégitime d’Henri IV, roi de France, et de Gabrielle d’Estrées, César de Bourbon (1594-1665) est légitimé dès 1595 et pourvu en 1598 du duché de Vendôme par son père.
2 Le premier enfant tenu secret (1669-1672) serait, selon les sources, une fille, Louise Françoise, ou un garçon de prénom inconnu, puis naissent Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine (1670-1736), Louis-César de Bourbon, comte de Vexin, abbé de Saint-Germain-des-Prés (1672-1683), Louise Françoise de Bourbon, Mademoiselle de Nantes (1673-1743), Louise Marie Anne de Bourbon, Mademoiselle de Tours (1674-1681), Françoise Marie de Bourbon, la seconde Mademoiselle de Blois (1677-1749) et Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1678-1737).
3 Pierre Thomé de Lesse (1649-171.) est trésorier des écuries du roi en 1683, fermier général de 1687 à sa mort. Il épouse en 1685 Françoise Paradis, fille d’un avocat lyonnais.

Les sources de cet article : « Paris qui s’en va – La maison de Mme de Maintenon » (Le XIXe siècle, 1er mars 1892), « Une maison historique » (Le Soir, 1er juillet 1895), l’article de M. Gréard sur Madame de Maintenon dans le « Dictionnaire de pédagogie » (1884), « Guide pratique à travers le vieux Paris » (1923) du Marquis de Rochegude et Maurice Dumolin (p. 462), « Vieux logis ! vieux souvenirs ! » (Le XIXe siècle, 21 décembre 1901), « La vie de château au temps jadis – Mme de Maintenon chez elle » (Le Figaro, 8 avril 1931), « Mon village… Le boulevard du Montparnasse » (La France au travail, 29 mars 1941), « Chronique historique : Madame de Maintenon » (Journal des débats politiques et littéraires, 28 octobre 1942), la notice de l’Hôtel de Turenne ou de Scarron dans la base Mérimée, l’article sur la Maison aux cornues du site Paris Promeneurs, le Fonds Thomé de France archives, le bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France (1925), « Amours royales et impériales » (1966, p. 247-248) de Renée Madinier, le site du Château de Maintenon.

L’hôtel des États-Unis

C’est en consultant une archive de l’INA datant de 1949 que je découvre l’existence de l’hôtel des États-Unis situé sur le boulevard du Montparnasse. L’immeuble existe toujours mais n’a plus tout à fait la même fonction. J’ai eu envie d’investiguer pour savoir ce que je pourrais trouver sur l’histoire de ce bâtiment…

D’après le cadastre cet immeuble du 135 boulevard du Montparnasse a été construit entre 1851 et 1914. Je n’ai pas trouvé à quelle date l’hôtel des États-Unis a ouvert à cette adresse, mais on en trouve la mention dans une petite annonce publiée le 8 mars 1879 dans le Figaro

…ainsi que sur cette carte postale qui y a été envoyée en septembre 1911.

(source : Smithsonian)

Dans un entrefilet du Petit parisien (24 sept. 1903), on apprend que M. André-Jean-Marie Fourgous, tenant l’hôtel-café-restaurant du 135 boulevard Montparnasse a fait faillite et dans une publication légale parue dans La Loi (28 déc. 1928) que l’Hôtel des États-Unis devient une SARL détenue par M. André Hamayon, architecte, Mme Marie Thébault, épouse autorisée de M. Victor Pascal d’Autremont et Mme Marie Dibonnet, veuve de M. Alphonse Thébault.

Le café-restaurant sis à la même adresse que l’hôtel portera différents noms. En novembre 1922, The Chicago Tribune and the Daily News, New York recommande Le Rapin, en mai 1931, Le Chaos, bar américain qui propose buffet froid et souper léger. En 1939, il s’agit de la Nouvelle Chine.

Dans les années 50, le rez-de-chaussée du bâtiment accueille le bar de l’Hôtel des États-Unis, dans lequel furent donnés de nombreux concerts de jazz.

Le menu du restaurant de l’hôtel des États-Unis en 1952 (source : Bibliothèque spécialisée de Paris)

Les résidents plus ou moins célèbres

A la fin du 19ème siècle, vers 1874, le peintre américain John Singer Sargent (1856-1925), qui réalisa entre autre un célèbre portrait d’Auguste Rodin, y réside. En 1881, Louise-Athanaïse Claudel s’y installe au quatrième étage avec ses trois enfants Camille (1864-1943), Louise (1866-1929) et Paul (1868-1955). C’est d’ailleurs dans le quartier du Montparnasse, à l’académie Colarossi (10 rue de la Grande-Chaumière) que Camille prend ses premiers cours de sculpture. Dans la même période, en 1885, le poète français Germain Nouveau (1851-1920) loge au 135. Le docteur Philippe Grenier (1865-1944), premier député musulman de l’histoire de France, y réside fin 1896.

Vers 1900, Édouard Léon Huvé (1865-1933) y aurait exercé son métier de maitre fondeur de caractères typographiques. En 1908, le poète et écrivain suisse Charles Ferdinand Ramuz (1878-1947) y séjourne également.

En décembre 1912, le peintre belge Hector van Eyck (1872-1924) présente une sélection de ses œuvres au Jardin d’hiver, 135 bd du Montparnasse. Resté fidèle à son pays natal, il peint les campagnes flamandes aux environs de Waesmunster. Son exposition donne lieu à un article dans le Journal des arts (18 déc. 1912)

De décembre 1929 à l’été 1930, Sergei Eisenstein (1898-1948), le cinéaste russe, séjourne à l’hôtel des États-Unis à Paris. Depuis 1925, il existe à Paris trois hôtels du même nom, mais il était vraisemblablement à celui de Montparnasse. Il en aurait profité pour rendre visite à James Joyce (1882-1941) pour discuter de l’adaptation cinématographique de son œuvre Ulysses et donner le 17 février 1930 une conférence à la Sorbonne sur les « Principes du nouveau cinéma russe ».

A une date indéterminée, vraisemblablement entre 1930 et 1939, Henry Miller (1891-1980), romancier et essayiste américain, y aurait résidé.

Pendant la seconde guerre mondiale, l’hôtel est réquisitionné pour les sous-officiers allemands.
En représailles aux 75 otages fusillés au mont Valérien à la mi-décembre 1941, deux grenades ont été lancées contre l’hôtel le 26 décembre 1941 à 6h30 du matin. Dans un document des Archives nationales, on apprend que cet hôtel a été, entre décembre 1941 et janvier 1942, le siège de la Geheim Feld Polizei (GFP), la police secrète militaire, de la Luftwaffe (armée de l’air). La Gestapo y menait aussi des interrogatoires comme celui de Madeleine Michelis (1913-1944) qui n’y a pas survécu.

Vidéogramme extrait de l’archive de l’INA du 20 janvier 1949.

Arrivé à Paris fin 1948 grâce au GI Bill*, Art Buchwald (1925-2007), alors jeune soldat américain démobilisé, a séjourné après-guerre à l’hôtel des États-Unis, tenu alors par un vétéran polonais qui a combattu aux côtés des alliés. Sa chambre était au 3ème étage équipée d’un lavabo, d’un bidet, d’un lit et d’un bureau. Il raconte que l’ampoule éclairait tellement peu que « la souris est devenue aveugle à force de chercher à manger« . Il deviendra plus tard humoriste et éditorialiste au Washington Post.

Pilote des forces aériennes des États-Unis, puis militant pacifiste, Garry Davis (1921-2013) crée en 1948 le mouvement des Citoyens du monde. Dès décembre 1948, des anonymes et de nombreuses personnalités comme André Breton, Jean-Paul Sartre, l’Abbé Pierre ou Albert Einstein, viennent à sa rencontre lors de débats. Comme en témoigne cette archive de l’INA du 20 janvier 1949, il s’est installé au 135 boulevard du Montparnasse pour dépouiller tout le courrier qui lui arrive d’un peu partout dans le monde.

L’hôtel fournissait du papier à entête à ses résidents comme l’atteste cette correspondance du 28 juin 1953, entre Eric P. Newman (1911-2017), numismate américain, et Kenneth Scott (1900-1993), historien et professeur à Wagner College, sur le thème de la contrefaçon de monnaie coloniale.

(source : NNP at Washington University in St Louis)

Plus récemment, l’écrivain Nimrod (1959-…) y auraient aussi vécu.

Quelques faits divers

Dans les coupures de journaux que l’on peut retrouver en ligne on découvre que le 135 boulevard du Montparnasse est le théâtre de faits divers plus ou moins dramatiques. Ainsi dans La Lanterne et L’Intransigeant du 4 février 1893, on apprend qu’un homme accompagné de deux enfants et qui a pris une chambre à l’hôtel y abandonne le plus jeune de trois ans au petit matin.

Dans Le Soir (23 avril 1904), on peut lire que M. Georges Bunoud âgé de trente ans, métreur-vérificateur, demeurant depuis quatre ans à l’hôtel des États-Unis, s’est tué d’une balle dans la tempe droite, par désespoir amoureux.

En 1928, Houlbaboff, un voleur en série sévit dans les hôtels. Ainsi le baron von Ritter, ancien ministre plénipotentiaire de Bavière, se fait voler une valise contenant des documents diplomatiques et 5000 francs de bijoux dans l’hôtel des États-Unis (Le Journal, 28 avril 1928)

Le 30 mai 1939, L’Humanité et l’Excelsior relatent un drame s’étant déroulé au restaurant La Nouvelle Chine, au 135 boulevard du Montparnasse. Un garçon du restaurant congédié ce matin-là a tiré plusieurs coups de revolver sur le patron du restaurant, son compatriote.

En 1941, Paris-Soir (11 juil. 1941) relate le vol de bicyclette des locataires dans la cour du 135 boulevard du Montparnasse.

Toutes ces histoires, petites et grandes, qui toutes se sont déroulées à une même adresse, au 135 boulevard du Montparnasse, donnent vie à ce lieu au fil des années.

De nos jours…

Le bâtiment de sept étages a été rénové en 2009. Il héberge l’une des résidences étudiantes de Campus France à Paris et propose 24 studios entièrement équipés, aménagés et décorés selon un design contemporain.


*Le GI Bill est une loi américaine adoptée en juin 1944 par le Congrès des États-Unis, fournissant aux soldats démobilisés de la Seconde Guerre mondiale (communément appelés les G.I.) le financement de leurs études universitaires ou de formations professionnelles ainsi qu’une année d’assurance chômage.

Les sources pour cet article : « Left Bank: Art, Passion and the Rebirth of Paris 1940–1950 » (2018) de Agnès Poirier, « Expatriate Paris: A Cultural and Literary Guide to Paris of the 1920s » (1990) de Arlen J. Hansen, « Un balcon sur l’Algérois » (2013) de Nimrod, les sites de la Fondation C. F. Ramuz, du Musée Camille Claudel, du Comité des travaux historiques et scientifiques.

Montparnasse au fil des plans

Difficile d’imaginer que l’actuel quartier très urbanisé du Montparnasse n’était que champs et chemins de terre, il n’y a pas si longtemps. Découvrez cette évolution au fil de plans.

Ce plan, réalisé en 1705, représente Paris et ses environs sous le règne de Louis VII le Jeune (1120-1180) (source : Gallica.fr)

J’ai eu envie de savoir depuis quand Montparnasse ressemble à ce que je connais aujourd’hui, et quelles traces du paysage passé, je pourrai dénicher. Évidemment pas de photos avant 1839 et pas des films avant 1895, mais une fois de plus internet, et plus précisément wikipedia, est un puits sans fond pour dégoter des informations et notamment des cartes. Cet article regroupe une sélection de plans se focalisant sur la zone de Montparnasse.

XIIème siècle

Le plan qui illustre en ouverture cet article représente Paris et ses environs sous le règne de Louis VII le Jeune (1120-1180). Difficile de délimiter la zone qui deviendra, quelques siècles plus tard, le quartier du Montparnasse. Pourtant en y regardant de plus près, on repère l’abbaye de St Germain, les églises St Sulpice et Notre-Dame-des-Champs. On note également l’hôtel de Vauvert, résidence au milieu des vignes du roi Robert le pieux (972-1031). Ce vallon n’est autre que ce que nous connaissons aujourd’hui comme le Jardin du Luxembourg. À la mort du roi Robert, le château de Vauvert, abandonné, tombe rapidement en ruine et devient une véritable cour des miracles. L’expression populaire aller au diable Vauvert viendrait de là.
En 1257, le roi Louis IX concède le terrain de Vauvert aux Chartreux qui y établissent un monastère.

1380

Au fil des plans, il est intéressant de remarquer l’avancée de l’urbanisation et le recul de la campagne et des champs cultivés. Vous noterez que leur orientation n’est pas toujours la même. Parfois le nord est à gauche et parfois il est en haut.
Le couvent des Chartreux fondé en 1257 est aussi un point de repère utile. Il se trouvait à l’emplacement de l’actuel jardin du Luxembourg et a perduré jusqu’à sa démolition de 1796 à 1800.
La ligne bleue rajoutée matérialise la rue de Vaugirard présente depuis fort longtemps. Le rond bleu indique la butte connue sous le nom de mont de la Fronde ou Mont de Parnasse, en référence à la montagne du centre de la Grèce, site particulièrement vénéré dans l’Antiquité qui surplombe la cité de Delphes.
Le chemin courbe qui sillonne presque en parallèle au muret du clos des Chartreux et qui aboutit à la rue de Vaugirard deviendra la rue Notre-Dame-des-champs.

Détail du plan de la ville de Paris en 1380 par Henri Legrand. La route indiquée en bleu est la rue de Vaugirard, le cercle bleu matérialise la colline qui plus tard sera nommée Mont-Parnasse. Entre les deux se trouve le couvent des Chartreux (source : David Rumsey Map Collection).

1657

Sur ce plan de 1657, le long de la rue de Vaugirard on trouve le Palais du Luxembourg qui a été construit sur le terrain d’un hôtel particulier du XVIe siècle et qui appartenait à François de Piney, duc de Luxembourg. On remarque également le moulin des Chartreux. Mais ce qui saute aux yeux c’est le regroupement de personnes aux alentours du Mont de Parnasse ou Mont de la Fronde. Il semblerait qu’on y venait pour s’exercer au lancer de pierres.

Détail de la carte de Paris en 1657, réalisée par Johannes Janssonius. En bleu, la rue de Vaugirard et la colline du Mont de Parnasse ou de la Fronde (source : Geheugen van Nederland).

1717

Fondé en 1667, l’observatoire de Paris, dont la construction s’est achevé en 1672, apparait sur ce plan de 1717 et le parallèle de l’observatoire à 48° 50’10 » est matérialisé. Près de la barrière de Vaugirard, les moulins de la pointe et de la Tour sont représentés. Le futur boulevard du Montparnasse n’est pas totalement dessiné. Le chemin de Meudon devient la rue de Seve (Sèvres) après le passage de la barrière du même nom. D’autres chemins mènent aux communes voisines comme Vaugirard, Clamar (Clamart), Vanvre (Vanves), Chastillon (Châtillon), Mont Rouge (Montrouge) ou Bourg la Reyne (Bourg-la-Reine). On note que l’actuelle rue du Cherche-midi, se nomme en 1717 la rue de Chasse midy. Depuis 1705, la rue Notre-Dame-des-champs est clairement indiquée. En plus du couvent des Chartreux, de l’église et du séminaire de St Sulpice, on remarque de nombreux établissements à caractères religieux, comme le séminaire des missions étrangères, les bénédictins de Notre-Dame-des-prez, la communauté des filles du St Esprit, de Notre-Dame-de-la-consolation, de la Visitation, les Pères de l’Oratoire, les Capucins, les Ursulines… Le long du Faubourg St Jacques, les églises et chapelles se succèdent les unes après les autres.

Détail du plan de Paris, ses faubourgs et ses environs en 1717 par Nicolas de Fer (crédit : Stephen S. Clark Library – source : University of Michigan Library)

1788

En 1784, il est décidé de faire entourer la ville de Paris d’une muraille destinée non pas à la défense, mais à la perception de l’octroi, impôt prélevé sur les marchandises entrant dans la ville. Le mur des fermiers généraux est édifié en quelques années à partir de 1784. Muni de 57 passages, appelés barrières, le mur est gardé par les employés de l’octroi. Pour la zone qui nous concerne le tracé de la muraille, alors au milieu des champs, suit approximativement les actuels boulevards Garibaldi, Pasteur, Vaugirard, Edgar-Quinet, Raspail et Saint-Jacques.
On remarque que les actuels boulevard du Montparnasse et boulevard Raspail qui font partie des boulevards du Midi dont la construction est prescrite en 1704 par Louis XIV, amorcée vers 1720 et achevée au début des années 1760, sont indiqués comme Nouveau Boulevard sur ce plan.
Sur le bord gauche du plan, près de la rue de Vaugirard et en face du moulin de la pointe, se trouve la pension de l’enfant Jésus. C’est à cet endroit qu’ouvrira en juin 1802 l’hôpital des enfants malades.

Détail du plan de la ville et des faubourgs de Paris en 1788 par Louis-Joseph Mondhare. On note le mur d’enceinte de Paris qui traverse les champs en vert (source : Barry Lawrence Ruderman)

1837

Sur ce plan de 1837, le couvent des Chartreux a disparu. A la place on trouve la pépinière du jardin de Luxembourg. Un enclos carré délimite au sud du boulevard Montparnasse le cimetière de Montrouge, qui deviendra le cimetière du Montparnasse, et à deux pas se situe un théâtre dans une rue qui deviendra la rue de la Gaité. Le long du mur des fermiers généraux, le nom des barrières est clairement inscrit : Sèvres, Fourneaux, Vaugirard, Maine, Montparnasse, d’Enfer. A gauche de la chaussée du Maine sont mentionnés plusieurs moulins à vent, le moulin de la citadelle, le moulin de beurre et le moulin neuf.
On note que le chemin de fer n’a pas encore fait son apparition, puisque l’embarcadère du Maine ne rentre en fonction qu’à partir de 1840.

Détail du plan topographique de Paris en 1837, réalisé par Alexis Donnet (source : Gallica.fr)

1849

L’enceinte de Thiers (hachurée en bleu sur le plan ci-dessous) est créée entre 1841 et 1844 autour de Paris, à la suite de l’approbation par le président du Conseil et ministre des Affaires étrangères de l’époque, Adolphe Thiers. Cette enceinte fortifiée, appelée plus familièrement les fortif’, se situe alors entre les actuels boulevards des Maréchaux (à l’origine la « rue Militaire ») et le futur emplacement du boulevard périphérique. Bien que hors du territoire qui nous intéresse sur ce blog, il est important de le savoir pour la suite de l’histoire. À noter en passant : à l’extérieur du mur d’enceinte, de son fossé et de sa contrescarpe se trouvait une bande de terre de 250 m de large désignée comme zone non constructible. Elle fut occupée par des bidonvilles dès la fin du XIXe siècle, avec l’abandon de sa fonction militaire. Cette bande était désignée comme la Zone, les miséreux habitant là étant appelés les zoniers, ou plus péjorativement les zonards.

Détail du plan de Paris et ses environs dans les années 1840, par George Bradshaw (source : Norman B. Leventhal Map Center Collection). L’enceinte fortifiée de Thiers, hachurée en bleu, a été construite entre 1841 et 1844.

On note, sur ce plan de 1849, la présence de la gare de chemin de fer de l’Ouest au niveau du boulevard Montparnasse, ainsi que la ligne ferroviaire qui en part.
Au sud du boulevard, les chemins de campagne deviennent des rues auxquelles on donne des noms, aujourd’hui disparus : rue du grenier aux fourrages, rue du champ d’asile, … Le boulevard Raspail s’appelle alors le boulevard d’Enfer et n’a pas encore été prolongé au-delà du boulevard Montparnasse. Le boulevard Edgar-Quinet n’a pas encore pris son nom – pas étonnant puisque l’historien, poète, philosophe et homme politique français, Edgar Quinet (1803-1875), est encore bien vivant -. L’avenue du Maine s’appelle encore la Chaussée du Maine. Une rue de l’ouest existe (l’actuelle rue d’Assas) mais elle longe un bout du jardin du Luxembourg. Le cimetière de Montrouge est devenu le cimetière du Sud. Par contre on a déjà, et depuis un certain temps, les rues de la Gaité, du Montparnasse, de Notre-Dame-des-champs, du Cherche-midi, de Sèvres et bien entendu la rue de Vaugirard qui est notre fil bleu depuis le début.

1863

Napoléon III demande que soient annexés à Paris les faubourgs se situant entre l’ancienne enceinte du mur des fermiers généraux et l’enceinte de Thiers. Découlant de cette demande expresse, la loi du 16 juin 1859, dite loi Riché du nom de son rapporteur, porte sur l’extension des limites de Paris jusqu’à l’enceinte de Thiers et provoque la suppression de onze communes du département de la Seine. Ainsi au 1er janvier 1860, cette annexion est effective et donne à Paris le contours qu’on lui connait à peu près actuellement. La commune de Vaugirard et une partie de celle de Montrouge deviennent des quartiers de Paris et composent les 14ème et 15ème arrondissements. A cette occasion le mur très impopulaire des fermiers généraux sera démoli par le préfet Haussmann, Paris passant alors de 12 à 20 arrondissements.

Détail d’une carte touristique de Paris, en 1863. La capitale est alors divisée en 20 arrondissements. Le quartier qui nous intéresse est à cheval sur les 6ème, 14ème et 15ème arrondissements (crédit : J. N. Henriot – source : Geographicus Rare Antique Maps)

On remarque que le Cimetière du Montparnasse, initialement carré, s’est étendu, que la rue de Rennes s’arrête à la rue de Vaugirard, et que le 14ème arrondissement s’est particulièrement densifié.

1916

Depuis l’inauguration du métropolitain en juillet 1900, les cartes présentent souvent les lignes disponibles. Sur ce plan de 1916, les lignes 4, 5 (la ligne 6 d’aujourd’hui) et A sont en service, la future ligne 10 ne sera inaugurée qu’en décembre 1923. L’actuelle station Sèvres Babylone s’appelait alors Bd Raspail, pouvant prêter à confusion avec la station Raspail des lignes 4 et 5. La station Maine et la place du Maine prendront le nom de Bienvenüe le 30 juin 1933 en hommage au père du métro, Fulgence Bienvenüe.
En comparaison au plan précédent, on note que les grands travaux du Baron Haussmann sont passés par là. La rue de Rennes a été prolongée jusqu’à Saint-Germain-des-près et le boulevard Raspail, jusqu’au boulevard Saint-Michel, transformant radicalement le paysage du quartier. La rue Notre-Dame-des-champs est l’une des rares rues non rectilignes du quartier. Le cimetière Montparnasse est à présent traversé par la rue Émile Richard. Le boulevard de Vanves et une partie du boulevard de Montrouge ont pris le nom de Edgar-Quinet depuis 1879, en hommage à l’écrivain et historien. La chaussée du Maine est devenue une avenue. L’ancien boulevard des Fourneaux qui débouche sur l’arrière de la gare Montparnasse se nomme à présent boulevard Vaugirard. Dans le quartier de Plaisance, une gare aux marchandises a vu le jour.

Détail de la carte-Campbell, le nouveau plan de Paris et banlieue indiquant toutes les voies nouvelles ainsi que les lignes du Métropolitain et du réseau Nord-Sud exploitées ou en construction (crédit : Editions Blondel La Rougery – source : Stanford Librairies)

1944

Sur ce plan de 1944, le quartier ressemble beaucoup à ce que l’on connait aujourd’hui. Il faut observer dans le détail pour remarquer les différences. Par exemple on note que l’impasse du Maine accessible par l’avenue du même nom a été percée et s’appelle à présent rue Bourdelle en hommage au sculpteur qui avait son atelier à cet endroit. Rue de Sèvres l’hôpital Laennec n’a pas encore fait l’objet d’un vaste programme immobilier achevé en 2014. A l’angle du boulevard Raspail et de la rue du Cherche-midi existe encore une prison militaire qui sera remplacée plus tard par la Maison des sciences de l’homme. Rue Vercingétorix, l’église Notre-Dame-du-Travail, inaugurée en 1902, est bien mentionnée. Au 167 boulevard Saint-Michel, le bal Bullier est devenu en 1935 la piscine Bullier (actuel emplacement du Crous).

Détail du plan de Paris en 1944 par le service des cartes de l’US Army (crédit : U.S. Army Map Service – source : The University of Texas at Austin)

Aujourd’hui

De nos jours les plans utilisés sont souvent numériques, accessibles depuis internet ou nos téléphones portables, et enrichis d’informations cliquables.
Par rapport au plan de 1944, le plus gros changement est le quartier du projet Maine-Montparnasse réalisé dans les années 1960-1970. La gare ferroviaire a quitté les abords du boulevard Montparnasse pour se retrouver au niveau de l’avenue du Maine. Le jardin Atlantique a été créé au dessus des voies. La tour Montparnasse et son centre commercial occupent l’espace laissé par la gare de l’Ouest.

J’espère que ce voyage dans le temps autour du quartier du Montparnasse vous aura captivé autant que moi. Si vous avez des informations à ajouter ou si vous repérez un plan qu’il serait intéressant de mentionner, n’hésitez pas à mettre les liens en commentaire et à préciser quels aspects vous ont interpelés.


NB : Un ami me signale le site Remonter le temps de l’IGN où il est possible de comparer des cartes et des vues aériennes de différentes époques.
Ci-dessous, une carte d’état-major (1820-1866), à gauche, est comparée à une photographie aérienne (2006-2010), à droite. Les espaces de verdures sont le jardin du Luxembourg au nord et le cimetière Montparnasse plus au sud.

Mise à jour du 21 décembre 2020


Quelques repères historiques :
De 1784 à 1790 : construction du mur des fermiers généraux
De 1841 à 1844 : construction de l’enceinte de Thiers
De 1853 à 1870 : travaux haussmanniens

1er janvier 1860 : extension de Paris à 20 arrondissements
1870 : guerre franco-allemande
mars-mai 1871 : insurrections de la commune de Paris
Juillet 1900 : inauguration de la 1ère ligne de métro

Le métropolitain

Le quartier Montparnasse est un nœud de transport dense. En plus d’une gare de grandes lignes et un réseau de bus, on ne compte pas moins de cinq lignes de métro. Mais la construction du métro ne s’est pas faite en un jour et a nécessité une longue et difficile gestation. Retour en images sur cette histoire…

Au début de la seconde moitié du 19ème siècle, Paris est en pleine expansion démographique, industrielle et commerciale. L’organisation du transport devient primordiale. Les avenues percées, entre 1853 à 1870, dans le cadre du projet du baron Haussmann facilitent la circulation en constante augmentation des voitures à chevaux, des fiacres, des tramways et autres camions, mais elle n’en devient pas moins anarchique, dans les quartiers centraux. On attendait beaucoup de la Petite ceinture, la première réalisation ferroviaire d’envergure pour Paris, ouverte au trafic voyageurs et marchandises entre 1851 et 1867. Mais les espoirs sont déçus et les problèmes de circulation restent entiers.

En Europe, Londres a mis en service dès 1863 sa première ligne de chemin de fer métropolitain et cela semble être l’exemple à suivre. Après la guerre de 1870, les projets de chemin de fer dans Paris se multiplient. Le conseil général de la Seine se saisit du problème, la Ville de Paris prend les études à son compte, le ministre des transports consulte le conseil d’état, dont l’avis rend la concession à la Ville de Paris impossible, tant et si bien que le métro ne sera pas prêt pour l’exposition universelle de 1889 et il prendra 10 ans de retard. Souterrain ou aérien, les projets continuent d’arriver et l’imagination ne manque pas. Un certain Édouard Mazet prévoit même de faire circuler des trains « gondoles ». Ce projet extravagant qui frise le canular est cependant enregistré sérieusement à la Préfecture de Police et parait dans la revue de vulgarisation, La Nature, du 7 juin 1884 (n°575, p. 315-318).

Mazet, capitaine au long cours, propose des bateaux suspendus sur « rails » (crochets), fixés verticalement par paires sur des piliers. Les bateaux automoteurs avancent, de deux à trois piliers, deux-trois-deux-trois… Ici, gravure de 1884, « passage du bateau devant l’Opéra » (Source : « Les batailles pour la création du Métro : un choix de mode de vie, un succès pour la démocratie locale » de Alain Cottereau, 2004)

La perspective de l’exposition universelle de 1900 à Paris, débloque la situation. L’État reconnait le 22 novembre 1895 à la Ville de Paris le droit de réaliser le métropolitain. L’avant-projet de Paris fut dressé au début de 1896 par Edmond Huet, directeur des travaux et Fulgence Bienvenüe, ingénieur en chef. Le principe était des trains légers souterrains à traction électrique.

Qui est Fulgence Bienvenüe ?

Originaire de Uzel dans les Côtes-du-Nord (actuelles Côtes-d’Armor), Fulgence Bienvenüe (1852-1936) étudie à l’École polytechnique puis à l’École nationale des ponts et chaussées. Il devient inspecteur général des Ponts et Chaussées en 1875. Amputé de son bras gauche après un accident en 1881, il travaille pour la Ville de Paris à partir de 1886 et poursuit les travaux d’aménagements de la capitale initiés sous le baron Haussmann. En 1895, il présente avec son collègue Edmond Huet un avant-projet de réseau de chemin de fer métropolitain souterrain et électrique pour la capitale. Après l’adoption définitive du projet en 1898, Bienvenüe se consacre entièrement à la construction du métro de Paris, l’œuvre majeure de sa carrière.

Pendant plus de trente ans, imaginant des techniques de construction parfois audacieuses, Fulgence Bienvenüe supervise la construction et l’extension du réseau, ce qui lui vaudra le surnom de Père du métro. On disait de lui : « C’est un esprit très audacieux mais raisonnable, rigoureux et réaliste » qui montre la ténacité d’un vrai breton.

(Crédit : Neurdein / Roger-Viollet – Source : Paris en images)

La station de métro Montparnasse – Bienvenüe est nommée en l’honneur de Fulgence Bienvenüe depuis le 30 juin 1933, en même temps que la place du Maine prend le nom de place Bienvenüe.

La construction du métro

La loi du 30 mars 1898 déclare d’utilité publique, à titre d’intérêt local, le projet du métropolitain « destiné au transport de voyageurs et de leurs bagages à main« . Le réseau long de 65 km est constitué de six lignes concédées à la Compagnie du chemin de fer Métropolitain de Paris (CMP). La loi stipule également que les infrastructures (souterrains, tranchées, viaducs, quais des stations) sont construits par la Ville de Paris, tandis que le concessionnaire exploitant est chargé des superstructures (ateliers, usines électriques, pose des voies et des équipements, achat du matériel roulant).

La mise en service du métro a nécessité la construction de sous-stations électriques pour alimenter les rames, comme celle-ci dans le quartier de Necker. (Source : Les Montparnos, mai 2020)

Les travaux de la ligne 1 (entre Porte Maillot et Porte de Vincennes) débutent en octobre 1898. Elle est inaugurée le 19 juillet 1900 alors que la capitale accueille la même année l’exposition universelle et les jeux olympiques. Le succès est immédiat. Près de 4 millions de personnes sont transportés dès le mois de décembre 1900.

Très rapidement les travaux des lignes 2 Nord, 3, puis 2 Sud, 5, 4 et 6 sont entrepris. En 1910 les six premières lignes du réseau sont ouvertes avec un an d’avance sur les délais prévus.

Plan des lignes du métro parisien en service ou en construction, en mai 1910 (Source : Gallica.fr)

L’inondation de 1910

Entre les 18 et 26 janvier 1910, des pluies diluviennes s’abattent sur le bassin parisien. A Paris, la Seine monte de six mètres en dix jours. Les lignes 1, 3, 4, 5 et 6 sont impactées au fil des jours. La ligne 6 est affectée en premier. D’importantes infiltrations recouvrent les voies sur 800 mètres dans le quartier de Bercy. Sur la ligne 4 récemment mise en service, l’eau recouvre les rails sur une longueur de 4600 mètres. Les lignes Nord-Sud (12), 13 et 8 alors en construction sont également impactées. Évidemment cela occasionne des interruptions de services sur les lignes concernées. Elles sont parfois exploitées par tronçon. Par exemple, le 25 janvier, le service est interrompu sur la ligne 4 entre Châtelet et Vavin. Après la décrue le service est rétabli progressivement. Pour les lignes qui nous intéressent, ente le 14 février et le 6 avril sur la 4 et entre le 8 mars et le 17 avril 1910 sur la 6.

Lors de l’inondation de Paris, en 1910, on circule en barque dans le métro sur la ligne Nord-Sud. (Crédit : Maurice-Louis Branger/Roger-Viollet – Source : Paris en images)

Les lignes de métro à Montparnasse

Détail du plan des lignes du métro parisien en service ou en construction, dans le quartier Montparnasse, en mai 1910 (Source : Gallica.fr)
Porte de Clignancourt – Porte d’Orléans, puis Mairie de Montrouge

Avec la ligne 4, pour la première fois, les voies passaient sous le fleuve pour relier la rive gauche à la rive droite de la Seine. Comme souvent la ligne a été mise en service par tronçon. Le parcours Porte d’Orléans – Raspail est ouvert aux voyageurs le 30 octobre 1909. Il faut attendre le 9 janvier 1910 pour l’inauguration du tronçon Châtelet – Raspail. La ligne est exploitée dans son entièreté après la décrue de 1910. Elle sera prolongée vers le sud jusqu’à Mairie de Montrouge, inaugurée le 23 mars 2013.

Étoile – Place d’Italie, puis Nation

Pendant sa construction, la ligne 6 se nommait numéro 2, sous l’appellation « Circulaire Sud », la ligne « Circulaire Nord » (ligne 2 actuelle) étant ouverte depuis 1903. Elle a la particularité d’être en grande partie en aérien. La mise en service de la ligne s’est faite en plusieurs étapes. Le tronçon Passy-Place d’Italie est ouvert le 24 avril 1906.

Le métro aérien et l’avenue de Breteuil, vers 1910. (Source : Paris en images)
Boulogne – Gare d’Austerlitz

Écartelée, remaniée, tronquée, la ligne 10 actuelle ne ressemble en rien à ce qu’elle a été au début du métro parisien. Une partie de son tracé actuel portait un autre numéro, tandis que le nombre 10 était affecté à certains tronçons qui appartiennent aujourd’hui à d’autres lignes. C’est aujourd’hui une transversale est-ouest.

Porte de la Chapelle, puis Front populaire – Mairie d’Issy

En 1901 l’ingénieur Berlier, associé à Janicot, propose son chemin de fer tubulaire inspiré du tube londonien. Il propose de connecter les deux rives de la Seine et de relier Montmartre à Montparnasse avec la ligne A d’un réseau qui devait comporter trois lignes (A, B, C). La Ville de Paris lui accorde la concession le 28 décembre 1901, mais demande que la ligne soit prolongée jusqu’à Porte de Versailles d’une part et de Saint Lazare à la Porte de Saint-Ouen d’autre part. Entre temps la Société du chemin de fer électrique souterrain Nord-Sud de Paris a été créée. Contrairement à la CMP, la concession prévoyait que l’ensemble des travaux soit à la charge de Nord-Sud. A noter que sous la butte Montmartre la ligne est établie à grande profondeur, soit jusqu’à 56 mètres sous la surface du sol.
Le 5 novembre 1910, les voyageurs pouvaient aller de Porte de Versailles à Notre-Dame-de-Lorette. A partir d’avril 1911, ils pouvaient aller jusqu’à Pigalle, puis jusqu’à Jules Joffrin à partir d’octobre 1912. Le 23 août 1916, la ligne va jusqu’à La Chapelle, et Mairie d’Issy est inaugurée le 24 mars 1934. Le 18 décembre 2012, la ligne 12 est prolongée vers le nord jusqu’à la station Front Populaire.

Train de la ligne 12 à la station de métro Montparnasse, vers 1970. (crédit : Léon Claude Vénézia/Roger-Viollet – source : Paris en images)
Chatillon-Montrouge – Asnières-Gennevilliers / Saint-Denis

Cette ligne a connu bien des vicissitudes. Initialement la ligne B du Nord-Sud allait de la gare Saint-Lazare à la porte de Saint-Ouen et prévoyait une correspondance à Saint-Lazare avec la ligne A (c’est-à-dire la 12). A l’origine le tronçon Invalides et Duroc faisait partie de la ligne 10, la ceinture intérieure. La partie méridionale de la ligne 13 actuelle était l’ancienne ligne C du Nord-Sud entre la porte de Vanves et la place Bienvenüe, aussi numérotée ligne 14. Le terminus était initialement prévu sous la rue de l’Arrivée. Ce tronçon est inauguré en décembre 1936.
La situation avec, d’une part une ligne 13 venant du nord et aboutissant à Saint-Lazare et d’autre part une ligne 14 venant du sud et s’achevant à Invalides, va durer des décennies. Ce n’est que dans les années 1970 qu’elles sont réunies en une grande ligne transversale nord-sud.

Femme poinçonnant des tickets en 1ère classe dans le métro de la ligne Nord-Sud à Paris, pendant la guerre 1914-1918 (crédit : Maurice-Louis Branger/Roger-Viollet – source : Paris en images)

Pour se démarquer des lignes de la CMP, les noms des stations de la ligne Nord-Sud sont écrits en lettres énormes et les cadres publicitaires sont en céramique bistre pour les stations ordinaires et de couleur verte pour les stations de correspondance.

En 2020, le métro parisien a 120 ans !

En 1970, l’ORTF consacre un épisode de la série « Histoire de Paris » aux 70 ans du métropolitain et retrace les grandes étapes de sa construction.

Les stations du quartier


Cet article s’appuie sur les ouvrages suivants : « Un siècle de métro en 14 lignes » de Jean Tricoire, éd. La vie du rail, 2000 | « Un ticket pour Paris, un siècle de bus et de métro » de Claude Berton, Jean-Claude Lablée, Claire Lemoine et Murielle Rudel, éd. Sélection du Reader’s Digest, 2006 | « Histoire illustrée des stations de métro » de Philippe Game et Danielle Michaud, éd. EDL, 2005

Les différentes gares Montparnasse

Pendant plusieurs mois, la gare Montparnasse a été en travaux. Comme Saint Lazare ou la gare de Lyon, en plus d’un nœud ferroviaire, elle devient un vaste centre commercial. Savez-vous que cette gare a eu bien des vies. Je vous propose de plonger dans les archives pour retracer en images cette histoire…

NB : Cet article comprend une anecdote cinématographique et une anecdote historique

Saviez-vous que la gare Montparnasse est l’unique gare parisienne ayant changé plusieurs fois de place.

Les débuts en 1840

Ça n’est pas moins de cinq gares qui se sont succédées depuis 1840.
Devant le succès de la ligne Paris – Saint-Germain-en-Laye, le gouvernement décide en 1836 de développer le réseau ferroviaire d’Ile-de-France en direction de Versailles, ce qui entraine la construction du modeste embarcadère de la barrière du Maine, mis en service le 10 septembre 1840, sur la commune de Vaugirard, qui ne sera annexée à Paris qu’en 1860.

Implantation de l’embarcadère de la barrière du Maine à l’extérieur du mur des Fermiers généraux, alors sur le territoire de l’ancienne commune de Vaugirard – aujourd’hui, angle sud-ouest de l’intersection du boulevard de Vaugirard et de l’avenue du Maine, ou actuelle place Raoul-Dautry. – (crédit : détail de la carte du chemin de fer de Paris à Versailles (rive gauche de la Seine)au 25 octobre 1838 – Éditeur :impr. de Lemercier, Bernard et Cie, Paris – http://gallica.bnf.fr)

A l’usage, l’embarcadère du Maine, situé hors des murs de Paris, est considéré comme trop excentré. La révolution de 1848 change le cours des choses. Le gouvernement provisoire, par décret du 27 février 1848, lance les travaux de construction d’une gare de chemin de fer de l’Ouest, sise entre le boulevard du Montparnasse et le mur des Fermiers généraux, et rapidement appelée gare du Mont-Parnasse.

Façade de la gare de l’Ouest du côté de la place de Rennes (actuelle place du 18 juin 1940), par Léon Leymonnerye (1803-1879). Paris (XIVème-XVème arr.), 1874. Crayon. Paris, musée Carnavalet.

L’extension de la voie ferrée depuis la barrière du Maine jusqu’au nouveau site nécessite la construction d’un viaduc, dit Viaduc du Maine, qui enjambe la chaussée éponyme.

Dessin au crayon, réalisé en 1876, de la gare de l’ouest (aujourd’hui gare Montparnasse) par Léon Leymonnerye (1803-1879). On notera sur le côté droit du dessin, le viaduc du Maine, 14e-15e arr. de Paris (source : musée Carnavalet).

Ces travaux nécessitent la démolition du bâtiment voyageurs de 1840 ; un autre bâtiment latéral provisoire est construit sur le côté nord-ouest. Cette nouvelle gare, mise en service en juillet 1852, endommagée par la Commune, comme l’atteste la photo prise en 1871, est une œuvre de style néo-classique.

Le bâtiment est fortement modifié au début des années 1860, suivant un décret du 23 décembre 1863, la halle et les pavillons latéraux sont agrandis. Sont aussi ajoutés des escaliers et rampes d’accès depuis la place de Rennes (aujourd’hui place du 18 Juin 1940) vers des cours supérieures agrandies (les grands escaliers intérieurs sont alors supprimés) ; la rue du Départ et la rue de l’Arrivée sont aussi élargies.

L’accident de 1895

Le 22 octobre 1895, une locomotive à vapeur d’un train Granville-Paris, dont le freinage à main était défectueux, traverse la façade de la gare. Cet accident qui laisse un trou béant dans la façade, a été photographié sous toutes les coutures et a défrayé la chronique  de l’époque.

Quelques jours après l’accident du 22 octobre 1895

L’accident ferroviaire du 22 octobre 1895 à la gare Montparnasse a été intégré à la trame narrative du film « Hugo Cabret » (2011) réalisé par Martin Scorsese.


En prévision de l’Exposition universelle de 1900, et par décret du 3 juin 1898, les cours supérieures et rampes d’accès sont inversées (accès depuis le boulevard Edgar-Quinet), et quatre voies à quai sont ajoutées selon les plans qui prévoient aussi un parking pour les automobiles et les bicyclettes sous la cour de départ, l’installation du chauffage dans certaines salles d’attente et l’éclairage électrique. Malheureusement les travaux commencés en 1898 ne sont pas prêts pour l’Exposition universelle de 1900.

Suite au rachat par l’État de la compagnie de l’Ouest en 1909, les extensions des gares Montparnasse et Vaugirard (marchandises) deviennent à l’ordre du jour.

L’entre-deux-guerres

La période de l’entre-deux-guerres témoigne d’une grande prospérité et la gare Montparnasse n’y échappe pas. Elle profitera elle aussi de l’essor du chemin de fer. La généralisation des vacances, conséquence des congés payés de 1936, multiplie par dix le trafic de la gare Montparnasse pendant les vacances. A nouveau, le trafic s’emballe et la gare devient trop petite pour l’absorber. Une nouvelle phase d’agrandissement est alors lancée. Elle se matérialisera par la construction de deux annexes en amont du viaduc : Maine Arrivée en 1929 et Maine Départ en 1938. Maine Départ est vouée à accueillir les trains Grandes Lignes, les trains de banlieue étant toujours exploités depuis la gare d’origine.

Le bâtiment de la demi-gare de Maine-Départ offrait un confort peu commode aux voyageurs devant prendre leur train depuis ces voies excentrées.


Une avant-gare d’arrivée provisoire avec six voies, desservies par trois quais pour les voyageurs, longs de 295 m, 330 m et 380 m, et de deux voies à quai pour les messageries, est néanmoins ouverte durant l’été 1926. Cette gare annexe reçoit, en 1929, un bâtiment voyageurs de style Art déco.

Dans les années 1930, à l’angle de l’avenue du Maine et du boulevard Vaugirard, la gare Montparnasse de style Art déco, œuvre de l’architecte Henri Pacon, sur la place Bienvenüe (encore dénommée place du Maine, jusqu’en 1933).
A la libération

A la libération de Paris, c’est à la gare Montparnasse, où il a installé son poste de commandement, que le général Leclerc reçoit le 25 août 1944, la reddition du général von Choltitz, gouverneur militaire de la garnison allemande de la capitale, le 84e corps d’armée.

Le Général De Gaulle avec le Général Leclerc et d’autres officiers français à la gare Montparnasse, le 25 août 1944. (crédit : Malindine E G (Capt), No 5 Army Film & Photographic Unit — Cette photographie BU 158 provient des collections de l’Imperial War Museums).
Il me semble reconnaitre Henri Rol-Tanguy au bord de la photo à droite

Dans les années 1960

La reconstruction de la gare est incluse dans une vaste opération de rénovation urbaine, du nom de Maine-Montparnasse, achevée au début des années 1970, et comprenant la nouvelle gare elle-même, un ensemble d’immeubles de bureaux et d’habitations de grande hauteur, la tour Montparnasse et ses bâtiments en base, ainsi qu’un gratte-ciel abritant un hôtel. L’opération Maine-Montparnasse est expliquée dans une vidéo promotionnelle de la SNCF datant de 1966.

Ce projet entraine la démolition de la gare construite en 1852, comme en atteste cette archive sonorisée disponible sur le site de l’INA et datant de mars 1966. Ce film permet également de voir l’animation des abords de la gare et notamment la place de Rennes (actuelle place du 18 juin 1940) et la rue de l’arrivée.

Je trouve assez émouvant de découvrir ce qu’il reste de l’architecture de l’ancienne gare Montparnasse en cours de démolition, d’autant que l’Office national de radiodiffusion télévision française (ORTF), non sans un brin d’humour ou d’ironie, fait un parallèle avec la construction moderne de la nouvelle gare dans ce film musical produit en 1967.

La façade de la nouvelle gare suite à l’opération Maine-Montparnasse de réorganisation urbanistique du quartier Montparnasse, réalisée dans les années 1960-1970 (Crédit : SARDO Médiathèque SNCF).

Le parvis de la gare Montparnasse, en avril 1969, avant la construction du tunnel de l’avenue du Maine (crédit : Roger-Viollet – source : Paris en images)


Ce projet urbain est tellement énorme qu'il donnera certainement lieu à un article spécifique sur ce blog, d'autant que de nombreuses archives sont disponibles en ligne pour l'illustrer. (Crédit : Patrick Olivain - SNCF). 

La façade de la gare Montparnasse sur l’actuelle place Raoul-Dautry évolue encore et se dote d’une grande verrière.

Une façade de verre, avancée par rapport au fronton initial, est ajoutée. Elle est parfois recouverte de campagnes publicitaires. Celle-ci a l’avantage d’offrir le stade de France en illusion d’optique. (Crédit : Les Montparnos, juin 2007)
Les années 2000…

La SNCF porte un nouveau projet de modernisation de la gare dont les travaux ont démarré en 2017 et se sont achevés en 2021. Il s’inscrit dans un programme plus vaste de remaniement du quartier Montparnasse voulu par la Mairie de Paris. Mais ça c’est une autre histoire…

Les travaux de la gare Montparnasse ont débuté du côté de l’avenue du Maine et du quartier de la Gaité. (Crédit : Les Montparnos, juin 2018)


Liens complémentaires :
Pour celles et ceux qui voudraient approfondir l’histoire de la gare Montparnasse, consultez la page Wikipédia qui est pas mal détaillée ainsi que Paris 1900 | L’art nouveau, TransportRail, Paris projet ou vandalisme, Wikiwand et la page de Roland Arzul (2016) avec de nombreuses illustrations.