Rue de Rennes, impossible de passer à côté de l’immeuble Félix Potin sans le remarquer, tellement son architecture dénote par rapport aux bâtiments environnants. Pendant longtemps il était en piteux état, les mosaïques se délitaient, les corniches manquaient de se détacher et des filets de sécurité le balafraient. Depuis sa restauration en 2017-2018, il est à nouveau resplendissant. Découvrez son histoire au travers d’archives…
Au 140 rue de Rennes, à l’angle de la rue Blaise-Desgoff, en levant les yeux on ne peut manquer la tourelle d’angle, couronnée d’un campanile (certains parlent de bouchon de champagne), où se lit toujours le nom de Félix Potin. Pour les moins de 30 ans, Félix Potin était une enseigne française de distribution créée par l’épicier Félix Potin au milieu du XIXe siècle, et qui perdura jusqu’à la fin du XXe siècle.
Qui est Félix Potin ?
Jean Louis Félix Potin (1820 – 1871) est le fondateur de l’enseigne française de distribution du même nom. Né à Arpajon, il monte à Paris en 1836 où il est commis épicier pendant huit ans. Il s’installe à son compte en 1844 au numéro 28 de la rue Neuve-Coquenard dans le 9e arrondissement de Paris. Sa conception novatrice du métier d’épicier fait son succès. Parmi ses innovations il y a le respect du client, les prix fixes, la vente à la gâche et au comptant, la réduction des intermédiaires, la livraison à domicile, …
Après le décès du fondateur en 1871 et de sa veuve 1890, ce sont leurs fils et gendres qui continuent l’aventure. Le développement de l’enseigne passe par l’ouverture de nouvelles succursales et par la construction de l’immeuble monumental de la rue de Rennes qui ouvre en 1904. Cet immeuble, œuvre de l’architecte Paul Auscher (1866 – 1932), est le premier grand magasin à utiliser le béton armé dans sa construction.
Le bâtiment est une grande surface alimentaire de six étages richement décorée en style Art nouveau qui propose notamment un « service de cuisine pour la ville » avec son rayon traiteur.
Quelques rares photographies des personnels de Félix Potin devant l’immeuble de la rue de Rennes dans les années 1900.
La disposition à l’intérieur du magasin a été voulue aérée et ordonnée afin de permettre une circulation facile. Un des premiers tapis roulant permet d’accéder à un salon de thé et à un salon de photographie situés à l’entresol. Malheureusement je n’ai trouvé aucune archive de l’intérieur du bâtiment à cette époque. On peut éventuellement se faire une idée du possible agencement intérieur en consultant celui de l’établissement Félix Potin du boulevard Sébastopol en 1931.
Les mosaïques de la façade art nouveau de l’immeuble Félix Potin ont été réalisées par Henri Bichi (1855 – ??), mosaïste italien installé à Paris, actif au moins entre 1889 à 1908 (Crédit : Les Montparnos, mai 2020).
A la fin des années 1970, l’enseigne TATI, en pleine expansion, s’installe rue de Rennes dans l’immeuble Félix Potin. Mais c’est surtout l’attentat du 17 septembre 1986 qui coûta la vie à sept personnes et fit une soixantaine de blessés qui reste dans les mémoires. Une plaque apposée en façade rappelle ce triste événement.
Après le départ du magasin TATI en avril 1999, le bâtiment a été remanié, mais le nom Félix Potin en façade est resté car depuis le 15 janvier 1975, la façade et la toiture sont classées monuments historiques. Après TATI, les enseignes se succèdent (Monoprix, Zara) et le propriétaire actuel est AGF.
Alors qu’on trouve encore des traces de réclames peintes sur certains murs du quartier, je me suis rendu compte au fil des années que Montparnasse a été le terrain de jeu des publicitaires. Voici un aperçu des campagnes que j’ai pu apercevoir. A vous de me dire si cela vous convainc…
Classiquement tout le panel de panneaux publicitaires (4 x 3, colonne Morris, abribus, enseignes lumineuses, …) se retrouve dans le quartier et occupe l’espace urbain.
A gauche : Campagne de la sécurité routière mettant en scène Karl Lagerfeld pour le port du gilet de sécurité. Depuis les manifestations de l’hiver 2018-2019, ces gilets jaunes ont une tout autre symbolique (Crédit : Les Montparnos, juin 2008) | A droite : Difficile d’imaginer l’espace urbain sans tous ces panneaux publicitaires (Crédit : Les Montparnos, sept. 2014)
A gauche, les enseignes lumineuses de la place du 18 juin 1940 ont un petit air de Times Square, New York, toute proportion gardée (crédit : Les Montparnos, janv. 2013) – A droite, publicité lumineuse pour le vin, sur la place de Rennes devant la gare Montparnasse, septembre 1953 (crédit : Roger-Viollet – source : Paris en images).
Évidemment l’objectif est d’être le plus visible possible, du coup tous les espaces monumentaux, même temporaires, sont investis.
Bâche pour le Zoo de Beauval sur l’échafaudage des travaux de ravalement du bâtiment Félix Potin, rue de Rennes (Crédit : Les Montparnos, mars 2017)
Exemples de campagnes sur la façade en verre de la gare Montparnasse : Coupe du monde de rugby (juin 2007), Vendée Globe (janv. 2009) et Musée du Quai Branly (avril 2008) – (Crédit : Les Montparnos).
La Tour Montparnasse, elle-même, devient support de campagnes publicitaires pour le Téléthon (déc. 2015), les jeux olympiques 2024 (mai 2017) ou la lutte contre le cancer du sein (sept. 2016) – (Crédit : Les Montparnos)
Parfois il faut casser la routine pour attirer l’attention.
Il y a aussi les supports détournés de leur destination initiale comme sur cette boîte aux lettres pour Star Wars (nov. 2015) ou sur les contre-marches de cet escalier pour les fêtes maritimes de Brest (juillet 2016) – (Crédit : Les Montparnos)
Il y a aussi l’affichage sauvage comme pour le lancement de « God of War 3 », en mars 2010, à gauche ou le marquage au sol pour annoncer la réouverture du magasin Monoprix, en septembre 2020, à droite (Crédit : Les Montparnos)
En 2009-2010, des essais de mise en scène ont été tentés pour renouveler la publicité sur les abribus (Crédit : Les Montparnos)
A la manière de smartphone géant, les écrans en position verticale ont fait leur apparition dans la gare et le métro. En 2017, des publicités avec un élément holographique sont testées sur des panneaux de la gare Montparnasse.
Et si l’innovation c’était plus du tout de publicité dans l’espace public ? A la faveur de travaux dans le métro, on a pu avoir un aperçu d’un monde sans publicité. Et il y a quelques mois, trois panneaux 4×3 ont été retirés de la place du 18 juin 1940. Et vous qu’en pensez-vous ?
Lors de la libération de Paris le 25 août 1944, le général Leclerc, qui dirigeait la 2ème division blindée, établit son poste de commandement dans la gare Montparnasse. C’est là que fut proclamée la reddition des troupes allemandes.
Le boulevard du Montparnasse en plein confinement en raison de l’épidémie de Covid-19 (crédit : Les Montparnos, mars 2020)
Au début du confinement du printemps 2020, le boulevard du Montparnasse était désert, seules de rares voitures circulaient sporadiquement. Un passant qui comme moi est sorti faire quelques courses, s’étonnant de ce silence, me dit que ça lui fait penser au 14 juin 1940, lorsque les parisiens s’étaient enfermés chez eux sachant que les allemands allaient entrer dans la capitale. Loin de moi l’idée de comparer la crise du Covid-19 avec la seconde guerre mondiale, mais en ce jour anniversaire de la Libération de Paris, la remarque de cet inconnu me revient en mémoire.
Pendant les quatre années de l’Occupation de Paris, les panneaux de signalisation sont en allemand comme ici au carrefour Montparnasse-Raspail, devant le restaurant La Rotonde. (Crédit : Pierre Jahan / Roger-Viollet)
Si comme pour moi, vos cours d’histoire du lycée sont un peu loin, cette vidéo, réalisée en 2018 à partir d’archives, résume en 5 minutes les temps forts de la libération de Paris :
Débarqués le 6 juin 1944 en Normandie, les alliés avancent difficilement vers l’Est. Les parisiens s’impatientent et veulent passer à l’action. Un climat insurrectionnel émerge. Les cheminots, les forces de l’ordre, les postiers, les ouvriers se mettent en grève. Le 18 août, le colonel Henri Rol-Tanguy, chef régional des Forces françaises de l’intérieur (FTP-FFI), appelle à l’insurrection. Le lendemain des barricades se dressent, des bâtiments officiels tombent aux mains des résistants et les affrontements sont de plus en plus violents.
Une barricade de la rue de Rennes, au croisement des rues Saint Placide et Vaugirard (6e arr.), le 25 août 1944 (Crédit : Pierre Jahan / Roger-Viollet).La même barricade de la rue de Rennes, au croisement de la rue Saint-Placide (6e arr.), le 25 août 1944 (Crédit : LAPI / Roger-Viollet).
Face à l’insurrection parisienne, le général Eisenhower, commandant en chef des forces alliées, qui préconisait d’abord de contourner Paris, se rend compte le 20 août de l’urgence de la situation et Charles De Gaulle finit par le convaincre d’envoyer des renforts français. Le 22 août 1944, la division blindée (DB) du général Leclerc fonce sur la capitale et après deux jours et deux nuits de combats aux abords de la ville, la 2ème DB entre le 24 août dans Paris, suivi par la 4ème division d’infanterie américaine. Le 25 août 1944, le général Leclerc établit son quartier général dans la gare Montparnasse. Elle constituait un endroit sûr, disposant de lignes de communication en état de marche.
Chars de la division Leclerc arrivant à la gare Montparnasse. Guerre 1939-1945. Libération de Paris. Paris, 25 août 1944 (Crédit : Neurdein / Roger Viollet).Les blindés de la 2ème DB du général Leclerc le long de la gare Montparnasse (Crédit : Pierre Jahan / Roger-Viollet). Un char de la 2ème DB du général Leclerc dans le quartier Montparnasse (Crédit : LAPI / Roger-Viollet).Les drapeaux français réapparaissent aux fenêtres comme ici rue du Cherche-Midi, 25 août 1944. Guerre 1939-1945. Libération de Paris (Crédit : Pierre Jahan / Roger-Viollet).Blindés de la 2ème DB du général Leclerc garés le long de la rue de Rennes, 25 août 1944. Guerre 1939-1945. Libération de Paris. (Crédit : Pierre Jahan / Roger-Viollet).
Le général Dietrich von Choltitz, gouverneur militaire de la garnison allemande à Paris, est capturé dans l’après-midi à l’hôtel Meurice, son quartier général, situé Rue de Rivoli. Il signe l’acte de capitulation à la Préfecture de Police, sur l’Île de la Cité, puis est transféré à la gare Montparnasse pour signer l’acte de reddition de l’ensemble des forces allemandes sous son commandement.
Au dos de cette photographie est écrit : « Le Général von Choltitz signe la reddition de Paris, à la Préfecture de police, le 25 août 1944 vers 16h ». En fait cette photographie a été recadrée (crédit : Société nationale des chemins de fer français (SNCF). Paris, musée Carnavalet). L’image originale montre debout à gauche, le capitaine Betz, interprète du général Leclerc. Assis à droite, le sous-lieutenant Braun, de l’état-major de la 2ème DB (Crédit : Photo by Keystone/Getty Images).
Cette photographie recoupée pour rendre l’instant plus solennel et faire disparaître le personnage de droite, le sous-lieutenant Braun absent lors de la reddition de von Choltitz, n’est en réalité pas la photographie de la reddition car il n’existe aucune photographie de cet instant. Cette image a été prise dans le bureau 32 donnant sur la voie n°3 de la gare Montparnasse et serait, d’après Alfred Betz qui se serait confié à Pierre Bourget (« Paris 44, occupation, libération, épuration« ), l’instant où von Choltitz fait une lettre de réclamation pour retrouver sa cantine personnelle qui aurait disparue à l’hôtel Meurice. Entrant alors dans la pièce, un photographe américain a immortalisé la scène et l’image a été publiée avec comme légende : « Von Choltitz signe la capitulation ».
Le général Leclerc signe quant à lui au nom du gouvernement provisoire de la République française, et une copie fut également signée par le colonel Rol-Tanguy. Le général de Gaulle est accueilli à la gare Montparnasse par Leclerc qui lui remet l’acte de capitulation de Von Choltitz.
Dans ce film muet conservé par l’INA, De Gaulle retrouve Leclerc à la Gare Montparnasse, ainsi qu’Henri Rol-Tanguy, Marie-Pierre Koenig et Jacques Chaban Delmas. Le Général se rend ensuite à l’Hôtel de ville (où il prononcera son célèbre discours « Paris libéré » qui sera retransmis à la radio).
Cet article illustré de quelques images prises dans le quartier de Montparnasse retranscrit très imparfaitement ce qu’a du être cette intense journée du 25 août 1944 pour les parisiens. Heureusement de nos jours, et j’espère encore pour longtemps, la seule occasion de voir des chars à Montparnasse est pour le 14 juillet.
Le défilé du 14 juillet est terminé, il faut bien retourner à la caserne… (Crédit : Les Montparnos, juillet 2013)
Jusqu'au 1er juillet 2018, le Musée du général Leclerc de Hautecloque et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin était situé au niveau du Jardin Atlantique au-dessus de la gare Montparnasse. Malgré cette localisation symbolique au regard de l’Histoire, le musée souffrait d’un manque de visibilité. Depuis il a déménagé sur la place Denfert-Rochereau, dans l’un des deux Pavillons Ledoux, qui abritait l’ancien poste de commandement du colonel Rol-Tanguy, responsable régional des FFI pour l’Ile-de-France et meneur de la résistance parisienne. Le nouveau Musée de la Libération de Paris – musée du Général-Leclerc – musée Jean-Moulin a été inauguré officiellement le 25 août 2019 à l'occasion des 75 ans de la Libération de Paris.(Crédit photo : Les Montparnos, août 2019)
Plusieurs des photographies qui illustrent cet article ont été prises par Pierre Jahan (1909-2003).
« En tant que membre du Comité de la presse clandestine, je me suis trouvé mobilisé le 20 août 1944 sous les ordres d’une grande gueule de journaliste qui, la veille, s’était offert deux galons de lieutenant. » Vous devez être partout où ça tire « , consigne d’autant plus facile que ça tirait de tous côtés. «
Pendant plusieurs mois, la gare Montparnasse a été en travaux. Comme Saint Lazare ou la gare de Lyon, en plus d’un nœud ferroviaire, elle devient un vaste centre commercial. Savez-vous que cette gare a eu bien des vies. Je vous propose de plonger dans les archives pour retracer en images cette histoire…
NB : Cet article comprend une anecdote cinématographique et une anecdote historique
Saviez-vous que la gare Montparnasse est l’unique gare parisienne ayant changé plusieurs fois de place.
Les débuts en 1840
Ça n’est pas moins de cinq gares qui se sont succédées depuis 1840. Devant le succès de la ligne Paris – Saint-Germain-en-Laye, le gouvernement décide en 1836 de développer le réseau ferroviaire d’Ile-de-France en direction de Versailles, ce qui entraine la construction du modeste embarcadère de la barrière du Maine, mis en service le 10 septembre 1840, sur la commune de Vaugirard, qui ne sera annexée à Paris qu’en 1860.
A gauche, la gravure de la barrière du Maine en 1820 et à droite celle de l’embarcadère du Maine (source : « La veille gare Montparnasse » par Gérard Le Provost, 1970)Implantation de l’embarcadère de la barrière du Maine à l’extérieur du mur des Fermiers généraux, alors sur le territoire de l’ancienne commune de Vaugirard – aujourd’hui, angle sud-ouest de l’intersection du boulevard de Vaugirard et de l’avenue du Maine, ou actuelle place Raoul-Dautry. – (crédit : détail de la carte du chemin de fer de Paris à Versailles (rive gauche de la Seine)au 25 octobre 1838 – Éditeur :impr. de Lemercier, Bernard et Cie, Paris – http://gallica.bnf.fr)
A l’usage, l’embarcadère du Maine, situé hors des murs de Paris, est considéré comme trop excentré. La révolution de 1848 change le cours des choses. Le gouvernement provisoire, par décret du 27 février 1848, lance les travaux de construction d’une gare de chemin de fer de l’Ouest, sise entre le boulevard du Montparnasse et le mur des Fermiers généraux, et rapidement appelée gare du Mont-Parnasse.
Façade de la gare de l’Ouestdu côté de la place de Rennes (actuelle place du 18 juin 1940), par Léon Leymonnerye (1803-1879). Paris (XIVème-XVème arr.), 1874. Crayon. Paris, musée Carnavalet.
L’extension de la voie ferrée depuis la barrière du Maine jusqu’au nouveau site nécessite la construction d’un viaduc, dit Viaduc du Maine, qui enjambe la chaussée éponyme.
Dessin au crayon, réalisé en 1876, de la gare de l’ouest (aujourd’hui gare Montparnasse) par Léon Leymonnerye (1803-1879). On notera sur le côté droit du dessin, le viaduc du Maine, 14e-15e arr. de Paris (source : musée Carnavalet).
Ces travaux nécessitent la démolition du bâtiment voyageurs de 1840 ; un autre bâtiment latéral provisoire est construit sur le côté nord-ouest. Cette nouvelle gare, mise en service en juillet 1852, endommagée par la Commune, comme l’atteste la photo prise en 1871,est une œuvre de style néo-classique.
Le bâtiment est fortement modifié au début des années 1860, suivant un décret du 23 décembre 1863, la halle et les pavillons latéraux sont agrandis. Sont aussi ajoutés des escaliers et rampes d’accès depuis la place de Rennes (aujourd’hui place du 18 Juin 1940) vers des cours supérieures agrandies (les grands escaliers intérieurs sont alors supprimés) ; la rue du Départ et la rue de l’Arrivée sont aussi élargies.
L’accident de 1895
Le 22 octobre 1895, une locomotive à vapeur d’un train Granville-Paris, dont le freinage à main était défectueux, traverse la façade de la gare. Cet accident qui laisse un trou béant dans la façade, a été photographié sous toutes les coutures et a défrayé la chronique de l’époque.
Quelques jours après l’accident du 22 octobre 1895
L’accident ferroviaire du 22 octobre 1895 à la gare Montparnasse a été intégré à la trame narrative du film « Hugo Cabret » (2011) réalisé par Martin Scorsese.
En prévision de l’Exposition universelle de 1900, et par décret du 3 juin 1898, les cours supérieures et rampes d’accès sont inversées (accès depuis le boulevard Edgar-Quinet), et quatre voies à quai sont ajoutées selon les plans qui prévoient aussi un parking pour les automobiles et les bicyclettes sous la cour de départ, l’installation du chauffage dans certaines salles d’attente et l’éclairage électrique. Malheureusement les travaux commencés en 1898 ne sont pas prêts pour l’Exposition universelle de 1900.
Suite au rachat par l’État de la compagnie de l’Ouest en 1909, les extensions des gares Montparnasse et Vaugirard (marchandises) deviennent à l’ordre du jour.
L’entre-deux-guerres
La période de l’entre-deux-guerres témoigne d’une grande prospérité et la gare Montparnasse n’y échappe pas. Elle profitera elle aussi de l’essor du chemin de fer. La généralisation des vacances, conséquence des congés payés de 1936, multiplie par dix le trafic de la gare Montparnasse pendant les vacances. A nouveau, le trafic s’emballe et la gare devient trop petite pour l’absorber. Une nouvelle phase d’agrandissement est alors lancée. Elle se matérialisera par la construction de deux annexes en amont du viaduc : Maine Arrivée en 1929 et Maine Départ en 1938. Maine Départ est vouée à accueillir les trains Grandes Lignes, les trains de banlieue étant toujours exploités depuis la gare d’origine.
Le bâtiment de la demi-gare de Maine-Départ offrait un confort peu commode aux voyageurs devant prendre leur train depuis ces voies excentrées.
Une avant-gare d’arrivée provisoire avec six voies, desservies par trois quais pour les voyageurs, longs de 295 m, 330 m et 380 m, et de deux voies à quai pour les messageries, est néanmoins ouverte durant l’été 1926. Cette gare annexe reçoit, en 1929, un bâtiment voyageurs de style Art déco.
Dans les années 1930, à l’angle de l’avenue du Maine et du boulevard Vaugirard, la gare Montparnasse de style Art déco, œuvre de l’architecte Henri Pacon, sur la place Bienvenüe (encore dénommée place du Maine, jusqu’en 1933).
A la libération
A la libération de Paris, c’est à la gare Montparnasse, où il a installé son poste de commandement, que le général Leclerc reçoit le 25 août 1944, la reddition du général von Choltitz, gouverneur militaire de la garnison allemande de la capitale, le 84e corps d’armée.
Le Général De Gaulle avec le Général Leclerc et d’autres officiers français à la gare Montparnasse, le 25 août 1944. (crédit : Malindine E G (Capt), No 5 Army Film & Photographic Unit — Cette photographie BU 158 provient des collections de l’Imperial War Museums). Il me semble reconnaitre Henri Rol-Tanguy au bord de la photo à droite
Dans les années 1960
La reconstruction de la gare est incluse dans une vaste opération de rénovation urbaine, du nom de Maine-Montparnasse, achevée au début des années 1970, et comprenant la nouvelle gare elle-même, un ensemble d’immeubles de bureaux et d’habitations de grande hauteur, la tour Montparnasse et ses bâtiments en base, ainsi qu’un gratte-ciel abritant un hôtel. L’opération Maine-Montparnasse est expliquée dans une vidéo promotionnelle de la SNCF datant de 1966.
Ce projet entraine la démolition de la gare construite en 1852, comme en atteste cette archive sonorisée disponible sur le site de l’INA et datant de mars 1966. Ce film permet également de voir l’animation des abords de la gare et notamment la place de Rennes (actuelle place du 18 juin 1940) et la rue de l’arrivée.
Je trouve assez émouvant de découvrir ce qu’il reste de l’architecture de l’ancienne gare Montparnasse en cours de démolition, d’autant que l’Office national de radiodiffusion télévision française (ORTF), non sans un brin d’humour ou d’ironie, fait un parallèle avec la construction moderne de la nouvelle gare dans ce film musical produit en 1967.
La façade de la nouvelle gare suite à l’opération Maine-Montparnasse de réorganisation urbanistique du quartier Montparnasse, réalisée dans les années 1960-1970 (Crédit : SARDO Médiathèque SNCF).
Le parvis de la gare Montparnasse, en avril 1969, avant la construction du tunnel de l’avenue du Maine (crédit : Roger-Viollet – source : Paris en images)
Ce projet urbain est tellement énorme qu'il donnera certainement lieu à un article spécifique sur ce blog, d'autant que de nombreuses archives sont disponibles en ligne pour l'illustrer. (Crédit : Patrick Olivain - SNCF).
La façade de la gare Montparnasse sur l’actuelle place Raoul-Dautry évolue encore et se dote d’une grande verrière.
Une façade de verre, avancée par rapport au fronton initial, est ajoutée. Elle est parfois recouverte de campagnes publicitaires. Celle-ci a l’avantage d’offrir le stade de France en illusion d’optique. (Crédit : Les Montparnos, juin 2007)
Les années 2000…
La SNCF porte un nouveau projet de modernisation de la gare dont les travaux ont démarré en 2017 et se sont achevés en 2021. Il s’inscrit dans un programme plus vaste de remaniement du quartier Montparnasse voulu par la Mairie de Paris. Mais ça c’est une autre histoire…
Les travaux de la gare Montparnasse ont débuté du côté de l’avenue du Maine et du quartier de la Gaité. (Crédit : Les Montparnos, juin 2018)Différents moments de la vie de la gare Montparnasse
Voilà plus de vingt ans que je vis à l’ombre de la tour Montparnasse et à la faveur du confinement du printemps 2020, lorsque nos déplacements étaient limités à un kilomètre autour du domicile, j’ai redécouvert mon quartier.
Au fil des années j’ai parcouru les boulevards, les rues et les impasses, visité les monuments ou les musées, lu ou visionné des documents sur l’âge d’or de Montparnasse, rencontré les habitants ou les commerçants, … et j’ai pris beaucoup de photos -il faut savoir que je mitraille depuis l’âge de 9 ans lorsque j’ai reçu mon premier appareil-.
L’idée d’un blog me trotte dans la tête depuis un moment, mais je ne savais pas par où commencer.
Comme peut-être vous aussi, je procrastine beaucoup. J’ai toujours quelque chose d’autre à faire, souvent même pas plus intéressant. Et puis un jour c’est la prise de conscience, le bilan. Si ça me tient tant à cœur, pourquoi reporter. Alors c’est décidé, je me lance. Je sais bien que la mode du blog est un peu dépassée, que je suis loin d’être la seule à écrire sur Montparnasse, mais j’aime à penser que c’est un point de vue. Sans doute qu’il devra s’affirmer et que cela dépendra aussi beaucoup de vos retours. D’ailleurs je compte sur vous pour m’indiquer en commentaire vos bons plans, vos coins secrets et les sujets que vous aimeriez que j’aborde. Si vous préférez passer votre chemin, je ne vous en voudrai pas.
Je compte parler de tout et de rien, de ce qui fait Montparnasse depuis que le nom est apparu sur les cartes et surtout de ses habitants, les Montparnos. Si vous mêmes avez des anecdotes à partager, n’hésitez pas, j’adore qu’on me raconte des histoires et si en plus vous avez des images, vous allez faire une heureuse.
Je reviens prochainement avec un premier article, le temps de paramétrer ce site et de comprendre comment tout cela fonctionne. Notez qu’on peut aussi échanger sur les réseaux sociaux, alors n’hésitez pas !
A bientôt 😉
Ma délimitation toute personnelle du quartier de Montparnasse, compris à peu près entre Duroc à l’Ouest et Port Royal à l’Est et entre Saint-Germain-des-près au Nord et la place de Catalogne au Sud. (Crédit : Google retravaillée par Les Montparnos)