Le 9e Art à Montparnasse

En attendant la prochaine édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, reportée en juin 2021 pour cause de crise sanitaire, SNCF Gares & Connexions propose aux voyageurs un intermède dessiné.

Les cafés, musées et centres commerciaux de plus de 20 000 m² étant fermés, les lieux de sociabilité et de culture se comptent sur les doigts d’une main. Jusqu’à présent les librairies, quelques galeries d’art et les gares restent encore ouvertes. Le festival d’Angoulême a eu le nez creux en s’associant à une quarantaine de gares un peu partout en France pour présenter l’intégralité de ses sélections officielles 2021.

La BD s’empare de l’espace public

A la gare Montparnasse, les travaux étant toujours en cours, l’exposition est installée sur les piliers du quai 24 et dans le hall 2 de la gare. Trois artistes sont exposés :

Lynd Ward

Né en 1905 à Chicago, Lynd Ward montre très jeune une grande facilité en dessin et étudie les beaux-arts à l’université de Columbia. Très vite il s’impose comme l’un des précurseurs du roman graphique. De l’artiste qui vend son âme, aux amants pris dans les tourments de leurs temps, en passant par l’homme maudit ou l’ouvrier rebelle, Lynd Ward a aussi documenté les injustices du système économique et social américain à l’époque de la grand dépression.

Les dessins noir et blanc en grand format de Lynd Ward (1905-1985) sont à voir sur les piliers du quai 24 de la gare Montparnasse.
Nicolas Presl

Né en 1976 en Vendée, et après une carrière brève comme tailleur de pierre, Nicolas Presl décide de se consacrer pleinement à la bande dessinée. Choisissant une narration sans texte, il montre dans tous ses ouvrages un attachement particulier à l’Histoire, notamment à ses passages les plus troubles.

Les planches de Nicolas Presl sont à avoir sur les piliers du quai 24 à la gare Montparnasse.
Jérémie Moreau

Né en 1987, Jérémie Moreau grandit en région parisienne. Dessinant avec assiduité, il participe chaque année, dès ses huit ans, au concours de bande dessinée du festival d’Angoulême. Il obtient ainsi le prix des lycéens en 2005, depuis il a remporté plusieurs autres prix au festival de la BD. Son dernier album, Le discours de la panthère, est formé de plusieurs histoires courtes, sous forme de paraboles, où les animaux occupent seuls le devant de la scène.

L’exposition de Jérémie Moreau installée dans le hall 2 de la gare Montparnasse.

De mi-décembre 2020 à mi-février 2021, le 48e Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême se vit en grand et en gares avec #ArtEnGare – accès gratuit.

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Ma tour Montparnasse

J’aime la tour Montparnasse, n’en déplaise à certains. J’aime le contraste en hauteur et en style, j’aime qu’elle soit mon repère dans mes déambulations parisiennes, j’aime qu’elle cherche à se réinventer. Hommage en images à ma tour Montparnasse…

Cette photo prise à la sortie de la gare, à cause de la Lune, à droite, et de la lumière du lampadaire, à gauche, qui semblent être le reflet l’une de l’autre, est en fait amusante en raison de l’arbre qui donne l’impression de grimper à l’assaut de la tour Montparnasse (crédit : Les Montparnos, déc. 2016).

Ma tour repère…

Des hauteurs de Meudon-Bellevue, à la faveur d’un rayon de soleil, la tour Montparnasse se détache sur le ciel gris de Paris (crédit : Les Montparnos, août 2011).
La tour Montparnasse est visible depuis le cimetière du Père Lachaise, dans le 20ème arrondissement. En fonction du point de vue, il y a même un étrange effet d’optique, soit la tour parait très proche, soit très lointaine. Ici il s’agit de l’entrée principale du cimetière, dans le prolongement de la rue de la Roquette (crédit : Les Montparnos, juin 2020).
Depuis les étages élevés d’un immeuble de la place d’Italie, dans le 13ème arrondissement, on peut voir la tour Montparnasse et la tour Eiffel émerger des toits de Paris (crédit : Les Montparnos, juil. 2016).
La tour Montparnasse apparait entre les arbres de la butte Montmartre, dans le 18ème arrondissement, tout un symbole lorsqu’on connait la relation qui unit ces deux quartiers de Paris (crédit : Les Montparnos, juil. 2012).
La tour Montparnasse depuis le premier étage de la tour Eiffel dans le prolongement du champs de Mars (crédit : Les Montparnos, sept. 2020).
Même depuis mon lieu de travail, j’ai la tour Montparnasse dans mon viseur (crédit : Les Montparnos, oct. 2020).
Cette photo panoramique de la place du 18 juin 1940 avec la tour Montparnasse et la tour CIT (ancien centre international du textile) aura bientôt valeur d’archive, si le projet de rénovation du complexe Maine-Montparnasse est mené à son terme dans les prochaines années (crédit : Les Montparnos, juin 2020).

La manufacture d’orgues Cavaillé-Coll

La réputation des orgues Cavaillé-Coll n’est plus à faire, mais savez-vous que plusieurs des orgues emblématiques de cette illustre maison ont été fabriqués dans le quartier du Montparnasse ?

Illustration de l’hôtel particulier et des ateliers d’Aristide Cavaillé-Coll, situés au 13-15 avenue du Maine, dans le 15ème arrondissement à Paris (source : Loïc Metrope, « La Manufacture d’Orgues Cavaillé-Coll, Avenue du Maine »)

Une déambulation dans le quartier du Montparnasse est souvent l’occasion de remarquer une plaque sur l’histoire passée du lieu. Vous l’aurez peut-être compris, j’aime beaucoup partir de ce type d’indice, aussi infime soit-il, pour remonter le fil du temps et voir ce qu’internet me permettra de trouver. Ainsi au 15 avenue du Maine dans le 15ème arrondissement de Paris, trouve-t-on une plaque qui indique « Ici étaient les ateliers d’Aristide Cavaillé-Coll, facteur de Grandes Orgues 1811-1899« . En l’occurrence, l’exercice n’a pas été trop difficile car les orgues Cavaillé-Coll sont réputés et de nombreux sites existent sur le sujet. Comme toujours cet article met en avant le lien avec le quartier du Montparnasse.

La tradition familiale

Aristide Cavaillé-Coll nait le 4 février 1811 à Montpellier dans une famille de facteurs d’orgues qui remonte à l’époque du dominicain Joseph Cavaillé (1700-1767), frère de l’arrière-grand-père d’Aristide.

Portrait d’Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899) peint par François Grenier en 1850 (crédit photo : Emmanuel Grevaux, 1921 – source : BnF Gallica)

Grâce à ses compétences scientifiques et des expériences dans différents ateliers, il devient lui aussi constructeur d’instruments guidé par de solides principes de mathématiques et de physique. Il se distingue pour ses hautes compétences techniques et pour les innovations qu’il a introduites dans la construction des instruments. Il s’est fait des amis parmi les scientifiques, les littéraires, les peintres. En 1833, Aristide vient conquérir le marché de la capitale. Dans un premier temps, son atelier est installé au 14 rue Neuve-Saint-Georges dans le 9ème arrondissement, près de l’ église Notre-Dame-de-Lorette. Son premier ouvrage majeur est l’orgue de la basilique de Saint-Denis, construit entre 1837 et 1841.

En avril 1854, Aristide Cavaillé-Coll déménage l’atelier au 94 rue de Vaugirard, dans le 6ème arrondissement, à l’emplacement de l’actuel 123 rue de Rennes.

L’atelier est aménagé à l’intérieur de l’ancienne Salle de Concerts Spirituels, ancien siège du Conservatoire de Musique religieuse, où le facteur d’orgue a à sa disposition une grande salle avec un haut plafond. En 1856, Aristide fonde et prend la direction de la société anonyme A. Cavaillé-Coll Fils & Cie.

L’atelier de l’avenue du Maine

En 1866, l’entreprise doit quitter les locaux de la rue de Vaugirard, le bâtiment étant exproprié pour être démoli dans le cadre du prolongement de la rue de Rennes.

Le tracé de la nouvelle rue de Rennes au carrefour des rues de Vaugirard et du Regard dans le 6ème arrondissement de Paris. Le rond bleu indique l’emplacement de l’atelier Cavaillé-Coll, au 94 rue de Vaugirard, au moment de l’expropriation, en 1866.

L’avocat de Cavaillé-Coll plaide pour 750 000 francs d’indemnisation, mais le tribunal tranche pour 500 000 francs. 
En 1868, Aristide Cavaillé-Coll achète un terrain de 2279 m², clos de murs, situé au 15 avenue du Maine pour en faire son nouveau siège social. Anciennement à l’usage d’un bal public et d’un limonadier, le site est composé d’un jardin arboré, d’une maison, qui devient la résidence du facteur d’orgue, d’une ancienne salle de danse, transformée en salle d’exposition des nouveaux instruments, et de divers bâtiments utilisés pour l’industrie. Le temps des travaux, Aristide Cavaillé-Coll loue une maison juste en face, sise impasse du Maine (l’actuelle rue Antoine Bourdelle).

En 1876, un départ d’incendie s’est déclaré chez le facteur d’orgue de l’avenue du Maine. Heureusement la catastrophe a été évitée, comme on peut le lire dans La Liberté du 26 décembre :

Les orgues emblématiques

Grâce à la renommée acquise avec la construction de l’instrument de la basilique de Saint-Denis inauguré en 1841, il reçoit de nombreuses commandes. Ses réalisations les plus célèbres sont les orgues majeures de l’église Saint-Sulpice (1862) et de la cathédrale Notre-Dame (1867) à Paris et de l’église abbatiale Saint-Ouen à Rouen.

Grand orgue de Saint-Sulpice, travaux en cours par Charles Mutin, 1920 (Photo : Eugène Atget)

Le grand orgue de l’église Saint-Sulpice, à quelques rues de Montparnasse, dans le 6ème arr., a été construit par François-Henri Clicquot (1732-1790) entre 1776 et 1781 et installé derrière le buffet dessiné par Jean-François Chalgrin (1739-1811), orné des statues de Clodion (1738-1814). L’instrument fut reconstruit en 1862 par Aristide Cavaillé-Coll en réutilisant ce que ses prédécesseurs avaient conservé de l’orgue de Clicquot (crédit : Eugène Atget – source : BnF Gallica)

Avec 102 jeux et environ 7300 tuyaux, l’orgue de Saint-Sulpice était le plus grand de France lors de sa fabrication. Aujourd’hui, il est le troisième plus grand orgue de France, après ceux de Saint-Eustache et de Notre-Dame.
Dans cette vidéo, écoutez l’orgue de Saint-Sulpice tout en découvrant les coulisses de l’instrument :

Au cours de sa vie de chef d’entreprise, Aristide Cavaillé-Coll a construit quelques 500 instruments pour les églises, les salles de concerts ou les salons privés. Certains instruments ont même vocation à partir à l’étranger, comme on peut le lire dans les colonnes de L’Opinion nationale du 4 avril 1872, sous la plume de J.-A. Barral : « La construction des instruments de musique est une des industries qui gardent en France une supériorité marquée. Cela est surtout vrai pour celle des grandes orgues ; et nous venons de le constater encore en assistant, il y a quelques jours, dans la grande salle de la manufacture de M. Cavaillé-Coll, avenue du Maine, à l’audition d’un orgue qui a été commandé à cet habile constructeur par l’église du Sacré-Cœur de Valparaiso (Chili).« 

Audition d’un orgue à la manufacture Cavaillé-Coll (source : L’Illustration, n° 1411, Volume 55, 12 mars 1870)

Avant que l’instrument ne soit livré à son propriétaire, la fin de la construction d’un orgue donne lieu à des auditions publiques, sur le site de l’avenue du Maine, annoncées dans la presse.

Comme on peut le lire dans La Liberté du 17 juin 1881, la manufacture propose aussi les concerts des élèves de l’école de musique fondée en 1853 par Louis Niedermeyer.

Les auditions à la manufacture Cavaillé-Coll de l’orgue monumental destiné à la basilique Saint-Pierre de Rome est l’occasion pour Louis Hadolff de retracer, dans le quotidien Paris du 31 août 1887, l’histoire des orgues aux travers des âges.

Le grand orgue de Notre-Dame de Paris qui a été reconstruit par Cavaillé-Coll de 1863 à 1868 a été restauré par le même facteur en 1894 (à lire dans La Liberté du 28 juillet 1894).

La succession

Le Maison Cavaillé-Coll a été plusieurs fois au bord de la faillite. Le 28 janvier 1891, avec la mort de Gabriel Reinburg, le meilleur intoner* de l’entreprise, la manufacture entame un rapide déclin. Endetté, la liquidation judiciaire frappe Aristide en 1892. Un concordat le sauve tout juste :

Mais les dettes sont trop importantes. Un jugement rendu le 5 novembre 1891 par la chambre de saisies immobilières du Tribunal civil de la Seine confirme l’adjudication de l’immeuble le 8 février 1892. Par la suite, les ateliers et les machines sont vendus au riche marchand Émile Cholet, fils d’un boulanger de Gien. La survie du facteur d’orgue l’intéresse à la condition de ne pas perdre trop d’argent. Ainsi il permet à Aristide Cavaillé-Coll de poursuivre la fabrication d’orgues contre le versement d’un loyer. Par ailleurs, la maison est attribuée à l’Institution de Barral, une école privée en charge de l’enseignement scolaire de plus de cent jeunes filles, de 10 à 20 ans, spécialement anglaises et roumaines.

13 avenue du Maine, 15e arrondissement de Paris
L’institution de Mme Barral pour jeunes filles au 13 avenue du Maine. On note qu’à droite de l’entrée, l’enseigne Cavaillé-Coll est toujours présente.

Aucun de ses fils n’étant repreneurs, Aristide vend l’entreprise le 18 juin 1898 à Charles Mutin (1861-1931), un de ses collaborateurs depuis plus de deux décennies. Mutin restera à la direction de la manufacture d’orgues jusqu’en 1924.

Le dernier grand orgue construit par Cavaillé-Coll est celui installé en 1898 dans le gigantesque château du Baron Albert de l’Espée (1852-1918) à Biarritz, le richissime misanthrope ayant développé une passion inconsidérée pour cet instrument. Plus tard l’instrument a été vendu à la basilique du Sacré-Cœur de Paris .

Suite à la vente de son entreprise, Aristide Cavaillé-Coll emménage dans un appartement au 21 rue du Vieux-Colombier, avec sa fille Cécile. L’année suivante, le 13 octobre 1899, il y décède.

Les obsèques ont eu lieu le 16 octobre en l’église Saint-Sulpice et le même jour le corps est enterré dans la tombe familiale, au cimetière de Montparnasse. Il était considéré comme le plus grand représentant de la construction d’orgue romantique français et l’un des plus importants constructeurs d’organes de tous les temps.

Même après le décès de son fondateur, la maison Cavaillé-Coll restaure encore des orgues emblématiques comme celui de la Madeleine (Le Journal, 9 décembre 1927) ou celui de Notre-Dame à Paris (L’Aube, 1er juin 1932) :

Malgré les différentes tentatives pour renflouer l’entreprise, la faillite de la manufacture d’orgues Cavaillé-Coll, Mutin, A. Convers & Cie est annoncée dans la presse (Le Petit Journal, 12 décembre 1930)

Charles Mutin n’aura pas survécu longtemps après la liquidation de l’entreprise dans laquelle il a travaillé depuis l’âge de 14 ans. Il décède le 29 mai 1931 à Paris. L’Intransigeant lui rend hommage le 7 juin.

Jusqu’à nos jours…

Au 13-15 avenue du Maine vers 1935. L’enseigne de la manufacture a été enlevée.
Vue aérienne des 13-15 avenue du Maine dans le 15ème arr. de Paris, en 1935. On peut voir le bâtiment de la manufacture Cavaillé-Coll. Le pavillon entouré en bleu existe encore de nos jours mais n’est plus visible de la rue, car caché par les bâtiments plus récents d’AgroParisTech (crédit : © IGN (France) – Photothèque nationale, 17 juin 1935)

Dans Le Journal du 28 juillet 1939, on apprend que les anciens ateliers Cavaillé-Coll servent de lieu de répétition. Voici la description qui en est faite : « pièces vétustes où flottent parmi les lambeaux d’étoffe de glorieux souvenirs. Les chaises modernes et neuves, les pupitres brillants semblent autant de fausses notes en ce lieu vénérable et décrépit« .

La parcelle occupée dans le passé par la manufacture d’orgues Cavaillé-Coll l’est à présent par l’école nationale du génie rural, des eaux et des forêts (Engref), l’école interne d’AgroParisTech. L’imposant bâtiment sur la droite a remplacé la halle de la manufacture. Dans le prolongement du bâtiment bleu se trouve le pavillon repéré sur la photo aérienne plus haut.
Vue aérienne du 13-15 avenue du Maine en 1935 (à gauche, crédit : © IGN (France) – Photothèque nationale, 17 juin 1935) et en 2019 (à droite, crédit : Google Earth, 2019).

"La manufacture d'orgues Cavaillé-Coll, avenue du Maine" par Loic Metrope

"La manufacture d'orgues Cavaillé-Coll, avenue du Maine" 
par Loïc Metrope
Ouvrage paru en 1988, épuisé mais disponible en version numérique

*L’intoner est celui qui travaille la sonorité des tuyaux de l’orgue.

Les sources pour cet article : l’article « Les orgues Cavaillé-Coll » par Loïc Métrope dans l’ouvrage « Montparnasse et le XIVe arrondissement » (pp. 181-184), les sites de l’Association Aristide Cavaillé-Coll , « La semaine musicale » (La Presse, 1er avril 1900, p. 3), « L’orgue » (Comœdia, 30 juin 1929, p.2)

Maison Lavenue

Avez-vous déjà remarqué, au 1 rue du départ, le balcon gravé des lettres majuscules, LAVENUE ? Au début j’ai cru qu’il manquait l’apostrophe, mais en cherchant un peu j’ai compris que c’était le nom de l’établissement qui occupait ce bâtiment dès la seconde moitié du 19ème siècle.

Fondée en 1854, la Maison Lavenue, aussi appelée l’Hôtel de France et de Bretagne, est située au 1-3 rue du Départ et au 68 boulevard du Montparnasse. Elle donne directement sur la place de Rennes, l’actuelle place du 18 juin 1940, et se trouve juste à côté de l’ancienne gare de l’Ouest.

Je n’ai trouvé aucune information sur les premières années d’exploitation de l’établissement. Les documents que j’ai trouvés, mentionnant Lavenue, datent de la fin du 19e siècle.

Rénovée en 1897, lors du changement de direction, elle est fréquentée par des personnalités des arts et des lettres et propose plusieurs espaces pour des clients plus ou moins fortunés.

L’hôtel-restaurant Lavenue, place de Rennes, vers 1900, avec tout à droite, le Petit Lavenue. Au premier étage on peut lire sur la façade : « Gruffaz Successeur » et au 3ème étage, deux lanternes sont suspendues. Encore aujourd’hui les supports de ces lanternes sont visibles sur la façade.
A gauche, façade du côté du boulevard Montparnasse – A droite, détails de la façade du côté de la rue du Départ, avec les deux dates gravées dans la pierre : 1854 et 1897 (crédit : Les Montparnos, décembre 2020)

Dans le livre « The Real Latin Quarter » de Frank Berkeley Smith publié en 1901, on peut lire que, parmi les habitués de Lavenue, on trouve Auguste Rodin (1840-1917), Paul-Alfred Colin (1838-1916), Alexandre Falguière (1831-1900), Jean-Paul Laurens (1838-1921), Léon Bonnat (1833-1922), James Abbott McNeill Whistler (1834-1903), John Singer Sargent (1856-1925), Thomas Alexander Harrison (1853-1930), Augustus Saint-Gaudens (1848-1907) et Frederick William MacMonnies (1863-1937).

Clients chez Lavenue (source : The Real Latin Quarter)

Lavenue dans la presse

Dans Le Charivari, le premier quotidien illustré satirique du monde, on peut lire le 21 mars 1884 : « La rive gauche n’aura bientôt plus rien à envier à la rive droite, comme confort, et comme élégance de ses établissements publics. Voici par exemple que sous l’impulsion intelligente de son nouveau propriétaire, M. Charuet, le restaurant Lavenue, déjà fort apprécié, vient de subir une transformation complète. Façades élégantes sur la gare et sur le boulevard Montparnasse, installation luxueuse des cabinets, salon-serre, téléphone, et le reste à l’avenant ; sans parler du jardin d’été dont les ombrages inviteront bientôt la clientèle de choix qui prisait déjà chez Lavenue une des première caves de Paris. Avis aux amateurs ».

Dans « Henriette », un feuilleton publié dans Le Figaro du 1er juin 1889, on trouve une description du jardin de Lavenue :

Dans Le Parti ouvrier du 11 février 1890, on apprend que le directeur de Lavenue, M. Charuet, décédé brutalement d’une congestion cérébrale, a prévu de récompenser ses collaborateurs :

Carte postale du restaurant Lavenue à l’angle du boulevard Montparnasse et de la rue du Départ, au début du 20ème siècle, donnant sur la place de Rennes, l’actuelle place du 18 juin 1940.
Rue d'Odessa à l'angle de la rue du départ
Sur le bâtiment à l’angle de la rue d’Odessa et de la rue du Départ on devine l’inscription surlignée en bleu : Hôtel de France et Bretagne – Maison Lavenue. Sur les vitres du premier étage, cerclé en bleu, sont gravées les initiales H.L. pour Hôtel Lavenue. On note au passage qu’une pharmacie, comme de nos jours, existe déjà à l’angle de cette rue.

Dans Le Figaro du 17 août 1897, on peut se faire une idée des aménagements réalisés lors de la rénovation entreprise par le nouveau directeur, M. Gruffaz : « C’est un coin parisien bien curieux que cette place de Rennes, si animée par un va-et-vient continuel. A côté de la façade sombre de la gare Montparnasse, au coin de la rue du Départ, un somptueux hôtel-restaurant se dresse orgueilleusement , attirant une clientèle aussi nombreuse que choisie. C’est l’ancien restaurant Lavenue, que M. Gruffaz, le directeur actuel, a fait magnifiquement restaurer, sous la direction de l’habile architecte Marnez. Jour et nuit, ce que Paris, la province ou l’étranger comptent de notoriété se réunit soit à l’hôtel, dont le luxe et le confort sont au-dessus de tout éloge, soit au restaurant aux salles spacieuses et claires, décorée avec le meilleur goût. Dans le jardin une nouvelle véranda, dont le plafond a été peint par Martens, donne asile, aux heures des repas, à des financiers, artistes, littérateurs, négociants cotés, qui, en savourant l’excellente cuisine et les meilleurs crus de la maison, font assaut d’esprit. M. Gruffaz a réussi à réunir dans son établissement, dont il conserve la veille renommée, tous les éléments du succès qu’il mérite à si juste titre. C’est là une heureuse innovation et un exemple à suivre « .

Dans Le Journal du 24 août 1897, on trouve une description de l’intérieur du restaurant Lavenue après sa rénovation :
« Les ors des décorations sont discrets ; l’éblouissement cru des blancs est tempéré par des guirlandes de fleurs de teintes tendres, l’air et le jour circulent partout ; les cabinets particuliers n’ont pas la banalité des locaux étriqués des établissements similaires. Ce sont de véritables boudoirs ! Il y a un jardin à ciel découvert avec bosquets pour l’été et un hall vitré orné de plantes vertes, pour l’hiver. »

Sur cette carte postale publicitaire, on devine l’entrée Guimard du métro juste devant Lavenue. Cette ligne a été mise en service en 1910.
Jardin du restaurant Lavenue
Véranda du restaurant Lavenue

La petite Bretonne

« Une des curiosités de Paris est, sans contredit, la figure de Bretonne sculptée par le maître Falguière sur la façade du restaurant Lavenue, place Montparnasse. Le propriétaire, M. Gruffaz, a fêté, hier, en un banquet intime cette œuvre magistrale. Cette fête, où le champagne Léon Laurent coulait à flots, a été de tous points réussie » (Le Journal, 7 avril 1898)

Intriguée par cette mention d’une figure sculptée en façade, j’ai tenté d’en savoir plus. Mes premières recherches n’ont rien donné, mais grâce à l’arrière petit-fils du sculpteur Alexandre Falguière (1831-1900), j’ai pu récupérer une image :

La carte ci-dessous pourrait laisser supposer que la sculpture était visible à l’angle de l’établissement, mais je n’ai aucune certitude.
Ne cherchez pas la Tête de Bretonne sur la façade du 1-3 rue du Départ. Elle ne s’y trouve plus. Laurent Falguière, l’arrière petit-fils du sculpteur, précise qu’elle été aperçue chez un antiquaire parisien. Une photo prise « sans doute avant 1977 » conservée à la documentation du Musée d’Orsay en atteste. Malheureusement depuis il a perdu sa trace. Évidemment si vous, lecteur de ce blog, avez des informations sur sa localisation, laissez un commentaire !

Un menu pour toutes les bourses

A l’entrée de Lavenue, vous étiez accueilli par Mademoiselle Fanny derrière son comptoir depuis quarante ans (source : The Real Latin Quarter)

« Il y en a pour toutes les bourses, les petites comme les grandes, d’autant que, près du grand établissement destiné à la vie luxueuse des gens fortunés, un restaurant plus modeste, mais aussi plus pratique, et qui dans peu sera célèbre sous le nom de Petit Lavenue, fonctionne pour les humbles » (Le Journal, 24 août 1897).

Les serveurs et maître d’hôtel du Petit Lavenue

Les encarts publicitaires publiés dans la presse sont une bonne indication pour voir l’évolution des prix au Petit Lavenue : Le repas (sans boisson) est à 12 francs en octobre 1924. Il passe à 15 francs en juin de l’année suivante (Le Matin, 2 juin 1925)

Le grand hôtel-restaurant Lavenue est littéralement pris d’assaut par le Tout-Paris élégant et gourmet. […] M. Gruffaz a su exalter encore le vieux renom de ce luxueux établissement où l’on est traité princièrement à des prix très raisonnables. (Le Figaro, 12 oct. 1897)

« Tout ce que le Quartier Latin a possédé de jeunes artistes et de jeunes littérateurs pendant ces vingt-cinq dernières années, a passé par la maison Lavenue »

A. Pallier, La Liberté, 30 mars 1898

« Des concerts symphoniques, par des artistes des Concerts-Lamoureux, Colonne et de la garde républicaine, auront lieu tous les soirs, dans les jardins de la maison Lavenue, à partir du 15 mai « (Le Figaro, 3 mai 1898).

L’établissement est référencé dans de nombreux guides comme dans le Guide des plaisirs à Paris de 1927 qui en fait la description suivante : « Maison connue par tous les viveurs pour sa chère succulente, ses vins de derrière les fagots et ses cabinets particuliers… dont on dit merveille. On vient de tous les coins de Paris diner chez Lavenue« .

Voici un des menus proposé par Lavenue en 1935 pour 60 francs :

Faits divers…

Il est amusant de lire la description d’une bagarre chez Lavenue parue le 12 juillet 1893 dans deux journaux différents : Le Petit Parisien, l’un des principaux journaux sous la Troisième République créé en 1876, et La Liberté, un quotidien parisien fondé en 1860 :

L’Intransigeant, quotidien français initialement d’opposition de gauche, évolue rapidement vers des prises de position nationalistes. En 1919, le journal interpelle en une les directeurs de Lavenue à propos du non affichage des tarifs majorés lors des concerts :

Place aux grands travaux

La revue hebdomadaire d’architecture, La Construction moderne (19 avril 1931) présente les travaux réalisés par l’architecte Fernand Rimbert à la demande de M. Prévost, président de la Société des « Hôtel-Restaurant Lavenue » pour pallier le charme désuet passé de mode de l’établissement. Les travaux prévoient une modification radicale des sous-sols et du rez-de-chaussée. En raison du climat maussade, le jardin est abandonné et remplacé par une nef en fer formant l’ossature de la grande salle du restaurant-dancing. « Les nouveaux aménagements ont été conçus pour permettre un service discret et facile, dans un cadre chaud et intime pour la Brasserie et élégant pour le Restaurant-Dancing. »
Un plan et quelques clichés permettent de mieux se rendre compte des modifications.

Plan du Café-Restaurant Lavenue par l’architecte Fernand Rimbert (source : La cité de l’architecture)

Les volumes et le style Art-déco du restaurant-dancing ne sont pas sans rappeler La Coupole inaugurée quelques années plus tôt, en décembre 1927.

Est-ce que l’ouverture circulaire placée en façade au dessus de l’entrée du 1-3 rue du Départ est une réminiscence de la décoration Art-déco du restaurant-dancing ? Je n’ai aucun élément qui me permette de l’affirmer, mais j’aime à le penser.

Malheureusement ces nouveaux aménagements ne semblent pas suffisant pour assurer le succès de l’établissement qui fait faillite en 1937 :

Dans l’Echo de Paris (4 juin 1937), on peut lire : « Lavenue disparait à son tour […] C’est chez Lavenue, gloire du Montparnasse, que la Patrie Française présidée par Jules Lemaître, donnait ses diners auxquels assistaient Maurice Barrès, Gabriel Syveton, le doux poète François Coppée… Encore un souvenir du vieux Paris qui disparait. Les gastronomes regretteront ce restaurant Lavenue, son jardin d’hiver, ses bosquets et surtout sa cuisine et ses vins sincères.« 

Jusqu’à nos jours…

Au 1-3 rue du Départ, l’hôtel-restaurant Lavenue a été remplacé par le restaurant Chez Dupont et le cinéma Miramar, et la pharmacie a perdu sa façade en bois, en 1955. On remarque que l’entrée du métro à une arche Guimard, disparue aujourd’hui (crédit : non identifié).
Le slogan de Dupont, »Chez Dupont, tout est bon ».
Chez Dupont et le cinéma Miramar, en 1964. On note que l’entrée du métro Guimard a été remplacé par un mat avec le typique M jaune. Sur le toit on observe des structures métalliques sans doute pour supporter des enseignes publicitaires, qu’on retrouve sur la photo de 2007 ci-dessous.

Certains se souviennent que dans les années 1980, le restaurant Dupont laisse la place à une Taverne de Maître Kanter jusqu’en 1994. Aujourd’hui c’est un restaurant Hippopotamus qui fait l’angle du boulevard Montparnasse et de la rue du Départ.

Le 1-3 rue du Départ sur la place du 18 juin 1940 (ancienne place de Rennes), vu depuis la dalle de la tour Montparnasse (crédit : Les Montparnos, novembre 2007)
Place du 18 juin 1940 à Paris
De nos jours, au 1-3 rue du Départ, Chez Dupont a été remplacé par un restaurant Hippopotamus, le cinéma Miramar a été repris par Gaumont et la pharmacie est toujours là. Depuis le kiosque à journaux de gauche a été remplacé (crédit : Les Montparnos, août 2018).

L’angle du boulevard Montparnasse et de la rue du Départ vers 1900, à gauche, et en janvier 2021, à droite.
Le 1-3 rue du Départ dans le 14ème arrondissement, en 1955 à gauche et en 2021 à droite. On note que le kiosque à journaux actuel est à peu près à l’emplacement de l’ancienne entrée du métro qui a été décalée sur la droite.
1-3 rue du Départ, 14ème arr.
Le 1-3 rue du Départ dans le 14ème arrondissement, en 1964 à gauche et en 2020 à droite.
"The real Latin quarter" de F. Berkeley Smith

The Real Latin Quarter (1901) de Frank Berkeley Smith (1869-1931)
Le chapitre 5 est consacré au déjeuner au restaurant Lavenue. 
Feuilletez le livre en ligne - Écoutez le livre audio (en anglais)

Les sources pour cet article : « Chronique d’art » par A. Pallier (La Liberté, 30 mars 1898), Numéro consacré à Alexandre Falguière (La Plume, 1er juin 1898), « Café-Restaurant « Lavenue » à Paris par Fernand Rimbert, architecte D.P.L.G. » (La Construction moderne, 19 avril 1931).

Georges Méliès à Montparnasse

L’histoire de Georges Méliès, considéré comme le père des effets spéciaux au cinéma, est surtout attachée au théâtre Robert-Houdin dans le 9ème arrondissement de Paris ou à ses studios de la Star film, aujourd’hui disparus, à Montreuil-sous-Bois. Pourtant l’inventeur du spectacle cinématographique a aussi passé quelques années dans le quartier du Montparnasse…

Georges Méliès dans la boutique de jouets avec un dessin rappelant son fameux film de 1902, « Le voyage dans la lune ».

Lorsqu’on est passionné de cinéma ou qu’on le pratique en amateur, on croise forcément la route de Georges Méliès (1861-1938) à un moment ou à un autre.
Qui n’a jamais vu cette représentation, maintes fois copiées, de la Lune qui s’est pris une fusée dans l’œil ?

Détail d’un photogramme du film « Un voyage dans la Lune » (1902) de Georges Méliès.

Méliès et la magie… du cinéma

Georges Méliès est né le 8 décembre 1861 à Paris. Son père est dans l’industrie de la chaussure. Après son baccalauréat (1880) et son service militaire (1881-1882), il part en stage à Londres en 1884, mais se prend de passion pour la magie et devient prestidigitateur amateur. De retour en France, il épouse en 1885, Eugénie Genin (1867–1913). Pour vivre, il donne des séances d’illusionnisme au cabinet fantastique du Musée Grévin et présente des numéros au théâtre de magie de la galerie Vivienne, en 1886.

Georges Méliès, à droite avec la canne, sa femme Eugénie Génin, debout à gauche avec un chapeau sombre, et sa famille vers 1890.

En 1888, lorsque son père se retire des affaires au profit de ses fils, Georges Méliès utilise sa part de l’entreprise familiale pour racheter le théâtre Robert-Houdin (8 boulevard des italiens, 9ème arr.) et y représente des saynètes magiques. Il conçoit de nouveaux spectacles d’illusion et rapidement le succès est au rendez-vous.

Originaire de Vaujours (Seine et Oise), Jehanne d’Alcy(1) (1865-1956), jeune veuve, s’installe à Paris. Elle fait partie du personnel du théâtre Robert-Houdin lorsque Méliès l’achète en 1888. Sa petite taille, sa minceur l’avait fait engager pour tous les truquages et escamotages, car elle devait disparaître dans une cache très étroite.

Tête de Jehanne d’Alcy dans le rôle de la marquise pour « La Source enchantée », saynète magique créée au théâtre Robert-Houdin en octobre 1892.

Antoine Lumière qui tient boutique passage de l’Opéra, convie son voisin Georges Méliès à la présentation d’une invention de ses fils, Auguste et Louis. Le 28 décembre 1895, au Salon indien du Grand Café de l’hôtel Scribe, 14 boulevard des Capucines, dans le 9ème arrondissement de Paris, il découvre alors le Cinématographe Lumière. Le destin de Méliès vient de basculer. Enthousiaste, il tente d’acheter l’appareil, mais les frères Lumière sont inflexibles. Leur invention n’est pas à vendre, prétextant qu’elle causerait sa ruine (finalement plutôt prémonitoire). Mais Méliès n’en démord pas. Il perfectionne un appareil d’Edison acheté à Londres et à partir d’avril 1896, des pièces cinématographiques figurent à l’affiche du théâtre Robert-Houdin.

Un jour qu’il filme place de l’Opéra, la caméra se bloque et, lorsqu’il la remet en marche, les passants et les véhicules se sont déplacés. Lors de la projection, on voit donc les passants se métamorphoser subitement et un omnibus Madeleine-Bastille se transformer en corbillard, avec la famille qui suit derrière : c’est la naissance des scènes à transformation, qu’il utilisera dans de nombreux films, avec bien d’autres procédés comme les caches, les miniatures, le gros plan, les objectifs à foyers différents, le fondu ou la surimpression.

Pour moi, c’est le caractère artistique du cinéma qui me sollicitait. C’est dans ce sens-là que j’ai travaillé pendant deux décades ou peu s’en faut, de 1896 à 1914 et, je puis bien le dire puisque tout le monde le reconnaît, j’ai eu le bonheur de trouver la plupart des procédés de mise en scène qui, de nos jours encore, sont à l’honneur.

Georges Méliès, 1932

Retrouvez sur la chaine La Manie du cinéma, un condensé de la vie de Georges Méliès en 7 minutes chrono.

Pour faire ses films, Méliès exerce tous les métiers : scénariste, décorateur, metteur en scène, acteur. Et lorsqu’il n’est pas devant la caméra c’est aussi lui qui tourne la manivelle. A l’écran, on retrouve aussi Jehanne d’Alcy qui joue tout naturellement dans les premiers films de Méliès et devient ainsi la première star du monde.
Au commencement, le public était friand des scènes à trucs, puis Méliès en vint aux fééries, comme pour La Chrysalide et le papillon (1901). Il reconstitue en studio des actualités truquées comme La visite de l’épave du Maine (1898) ou L’éruption du Mont Pelé (1902). Les histoires se développent et les films s’allongent. Il aborde le film de genre scientifique et géographique avec Le voyage dans la Lune (1902) ou A la conquête du Pôle (1912).

Au début tous ses films étaient tournés en plein air. Il fallait attendre le soleil et craindre la pluie. L’activité se développant, les commandes affluant, il faut tourner tous les jours, quelle que soit la météo.

A la fin du mois de septembre 1896, Méliès fait construire, au milieu du jardin potager de sa propriété de Montreuil-sous-Bois, une grande salle vitrée de tous côtés, le studio A.

Le studio de Montreuil est le premier à posséder une machinerie complète uniquement créée en vue de la réalisation de films avec mise en scène, scénario, acteurs et décors, et Georges Méliès est le premier à construire un atelier de prises de vues pour y réaliser des films destinés à être projetés en spectacle public, c’est pour cela qu’il a le titre de « premier studio du monde ». Le studio B est construit en 1905.

En près de deux décennies, la manufacture de films de Méliès, la Star Film(3), dont la devise est « Le monde à la portée de la main », produit plus de 500 films qui sont distribués internationalement, notamment grâce à sa succursale de New York.

La fin de la magie ?

Méliès cesse toute activité cinématographique en 1913. En mai de cette même année, il perd sa femme et reste seul avec ses deux enfants Georgette, 25 ans (née le 22 mars 1888), et André, 12 ans (né le 15 janvier 1901).

Lorsque la guerre de 1914 éclate, le théâtre Robert-Houdin, devenu un cinéma avec séance de prestidigitation le dimanche seulement, est fermé dès le début des hostilités par ordre de la police.

La scène du théâtre Robert-Houdin avant sa réfection en 1901.

De son côté Jehanne d’Alcy, approchant de la cinquantaine, sa carrière d’actrice terminée, a obtenu en 1914 la gérance d’une petite boutique en bois située d’abord sur le trottoir, puis dans le hall de la gare Montparnasse. Elle y vend des chocolats, des bonbons et des jouets. Elle a aussi réussi à dénicher un petit appartement donnant sur le square Jolivet dans le 14ème arrondissement, à deux pas de la gare, meublé de quelques objets rappelant sa splendeur passée.

Georges Méliès transforme le second de ses studios de prises de vues de Montreuil-sous-Bois en théâtre. C’est le théâtre des Variétés-Artistiques qui fonctionnera de 1915 à 1923. Sa fille Georgette, qui avait débuté à 9 ans dans les premiers films de son père, en devient la directrice et l’animatrice.
Mais la contrefaçon, la concurrence, les problèmes financiers, la première guerre mondiale et les créanciers ont eu raison de lui. Endetté, Méliès est contraint de vendre la propriété familiale de Montreuil-sous-bois qui comprend ses deux studios, sa maison d’habitation, ses décors, ses costumes…

Facture datant du 6 février 1906 à l’entête de la « Manufacture de films pour Cinématographes G. Méliès », située au 13 Passage de l’Opéra à Paris.

En 1922, le théâtre Robert-Houdin fait partie des expropriations dans le cadre du prolongement du boulevard Haussmann.

En 1923, la famille Méliès quitte définitivement Montreuil-sous-Bois. La propriété est vendue par lots, le premier studio du monde subsiste encore quelque temps mais est finalement démoli en 1947. Toutes les caisses contenant les films sont vendues à des marchands forains et disparaissent. La collection complète des cinq cents négatifs des films tournés par Méliès sont cédés à un récupérateur pour en extraire le celluloïd et les sels d’argent. Méliès lui-même, dans un moment de colère, brûle son stock de Montreuil.

En 1924, Méliès est appelé à Sarrebruck par la direction du Cercle des Mines de la Sarre. Il est chargé de reconstituer tout le matériel de leur grand théâtre détruit par les Allemands lors de leur retraite. En cinq mois, il reconstruit avec son fils, André, toute la machinerie disparue et refait tous les décors.

Sauf-conduit de Georges Méliès pour se rendre en 1924 à Sarrebruck en Allemagne (capture extrait du DVD « Georges Méliès », Fechner Productions / Studio Canal, 2008).

Georges et Jehanne à Montparnasse

En 1925, Méliès n’a plus de maison, plus de théâtre. Sa fille, Georgette (1888-1930), habite avec son mari, Amand Fontaine(2) (1894-1988), chez les parents de celui-ci, son fils André (1901-1985) loge chez les parents de sa femme, Raymonde Thomas (1897-1979). A 64 ans, veuf depuis 1913, Méliès est seul et sans foyer. Dans le livre « Georges Méliès, l’enchanteur« , on apprend que Madame Fontaine, la belle-mère de Georgette, joue les entremetteuses. Elle se rend à la gare Montparnasse pour savoir dans quelle disposition envers Méliès, Jehanne d’Alcy se trouve.
Finalement, il l’épouse en seconde noce, le 10 décembre 1925. La cérémonie est très intime, il n’y a qu’une quinzaine de personnes et le repas de noce a lieu à l’hôtel Lutetia.

Le mariage de Georges Méliès et Jehanne d’Alcy a lieu en petit comité le 10 décembre 1925. Ses petites filles Madeleine (2 ans) et Marie-Georgette (4 ans) sont demoiselles d’honneur (capture extrait du DVD « Georges Méliès », Fechner Productions / Studio Canal, 2008).

Georges Méliès emménage avec Jehanne dans son appartement du 18 rue Jolivet, dans le 14ème arrondissement. On le sait notamment car les carnets de croquis de Méliès portent cette adresse en couverture. Elle figure également dans la signature d’une correspondance de 1927 avec Auguste Drioux (1884-1937) fondateur en 1916 de la revue Passez Muscade, journal des prestidigitateurs amateurs et professionnels qui accueille régulièrement les articles et dessins de Méliès.

Dans le trois pièces de la rue Jolivet, on entre par la cuisine, vient ensuite le salon-salle à manger puis la chambre à coucher. L’eau et les WC sont dans l’escalier à mi-étage. Sur le même palier, Jehanne réussit à louer un peu plus tard un second appartement de deux pièces qui sert de remise de jouets et d’entrepôt de friandises pour la boutique.

De 1925 à 1932, Georges Méliès et sa seconde épouse Jehanne d’Alcy, résident au 18 rue Jolivet, dans le 14ème arrondissement, à deux pas de l’ancienne gare Montparnasse, où ils tiennent la boutique de jouets et de confiseries (crédit : Les Montparnos, déc. 2020)

Méliès s’occupe avec Jehanne de la petite boutique dont elle a la concession dans la gare Montparnasse. L’employée de la boutique, Marie Loudou, fait l’ouverture à 8 heures, puis Méliès arrive vers 10 heures.

Georges Méliès devant la première boutique de Jehanne d’Alcy au rez-de-chaussée de la gare Montparnasse. Cette coupure de presse m’a été envoyée par Anne-Marie Quévrain, arrière-petite-fille du cinéaste. Si vous connaissez l’auteur de cette photo ou le journal dans lequel elle a été publiée, laissez un commentaire (crédit : inconnu – source : Cinémathèque Méliès – droits de reproduction réservés).

Jehanne apparait vers midi pour préparer le déjeuner sur un réchaud à pétrole. L’après-midi les représentants passent ou Jehanne va au réapprovisionnement chez les fournisseurs. Méliès garde la boutique. Très affable, il fait vite connaissance avec le petit monde de la gare, comme le patron du bureau de tabac, la marchande de journaux ou M. Sentenac, le gérant de la buvette-restaurant où il va boire tous les jours son café noir.

En 1930, la direction des Chemins de fer de Ouest-Etat leur annonce que des travaux doivent avoir lieu dans le hall et qu’ils doivent quitter le magasin pour le 1er avril au plus tard. A la place, on va leur louer, à l’étage de la gare, une boutique plus grande et plus confortable, mais malheureusement cachée derrière un énorme pilier de ciment. Ils s’y rendent tous les jours par la rampe d’accès de la rue du Départ, mais l’emplacement n’est pas propice et les ventes déclinent. Ils devront d’ailleurs se séparer de leur employée, Mme Loudou.

Jehanne d’Alcy et Georges Méliès au comptoir de leur nouvelle boutique de jouets dans la gare Montparnasse en 1930 (source : Cinémathèque Française)

Pendant les longues heures passées à tenir l’étal de jouets, Méliès s’ennuie, mais il continue à dessiner. Les caricatures les plus touchantes sont sans doute celles sur lesquelles il se représente lui-même enchainé à la boutique de la gare Montparnasse.

(crédit : Georges Méliès – source : Cinémathèque française)

Méliès, grand-père

Dans un entretien de 1932 pour la revue L’image, Méliès raconte que son fils, André, premier comique d’opérette, est sans cesse en tournée, et que son gendre, Amand Fontaine, baryton, n’est pas davantage sédentaire. Au décès de sa fille Georgette, le 29 août 1930, suite à une longue et cruelle maladie qui a débutée en 1928 lors d’une tournée théâtrale en Algérie, Georges Méliès recueille sa petite-fille, Madeleine Fontaine (1923-2018).
Dans l’émission Emmenez-moi de France inter, Madeleine raconte que le matin son grand-père la conduisait à 8h30 à l’école, rue Notre Dame des champs, puis ouvrait le magasin de jouets. A midi il venait la chercher pour déjeuner dans la gare Montparnasse. Le soir ils rentraient dans leur appartement de la rue Jolivet.

Dans un autre entretien, Madeleine raconte également : « Dans cette petite boutique de quatre mètres sur trois, nous prenions tous nos repas, je faisais mes devoirs. Il y faisait très froid l’hiver, mais mon grand-père était aimé de tous les gens de la gare qui venait le matin lui dire un petit bonjour […] Et moi je subissais ses talents de prestidigitateur, il me sortait des cigarettes du nez et des oreilles, il faisait la chasse au pièce de cent sous et gare à moi si je laissais un de mes cahiers ouvert, il était couvert de dessins et de caricatures. »

Méliès demeure à son étale de la gare Montparnasse, douze heures par jour et quarante-neuf semaines par an. Les bonnes années, il arrive à passer trois fois huit jours dans un petit coin de Bretagne.

Méliès avec Madeleine, sa petit-fille, vers 1930, certainement en Bretagne au vu des rochers dans le fond, peut-être à Trébeurden (capture extrait du DVD « Georges Méliès », Fechner Productions / Studio Canal, 2008)

Madeleine se souvient que pendant que son grand-père tient la boutique, elle part parfois en escapade avec sa grand-mère Jehanne. Elles vont au Dôme, à La Coupole ou rue de la Gaité pour manger des frites et des moules marinières. Le soir, pour rentrer à la maison, elles passent devant Le Sphinx, une célèbre « maison » du boulevard Edgar Quinet. Voyant des dames devant l’établissement qui attendent les clients, la fillette demande « Mais qu’attendent-elles donc si tard ? » Sa grand-mère lui répond : « Elles attendent leurs maris, ma chérie. » Madeleine rajoute : « Tiens, alors ce ne sont pas toujours les mêmes maris. »

Méliès sort de l’oubli…

Il se raconte qu’en 1926, un jour comme tous les autres, un cafetier passant par là salue Méliès d’un retentissant « Bonjour, Monsieur Méliès ! ». Léon Druhot, alors directeur du Ciné-Journal, se trouve sur place. Il n’en croit pas ses oreilles, il imaginait Méliès mort depuis belle lurette. Il l’interpelle : « Seriez-vous parent avec Georges Méliès qui faisait du cinéma avant-guerre ? » – « Mais c’est moi-même ».
Druhot demande à Méliès d’écrire une série de sept articles intitulés « En marge de l’histoire du cinématographe » qui paraissent dans la revue Ciné-Journal de juillet à septembre 1926. C’est ainsi que la génération d’après-guerre apprit à connaître le nom et ce qui restait de l’œuvre de Méliès.

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Il n’était cependant pas totalement oublié dans la corporation cinématographique, puisqu’une lettre datée du 28 juin 1926 lui apprenait qu’il venait d’être nommé par acclamations premier membre d’honneur de la Chambre syndicale de la Cinématographie.

Le 16 décembre 1929, quelques-uns de ses films sortis des greniers sont projetés à la salle Pleyel lors d’un gala en l’honneur de Méliès, organisé par le Studio 28 avec le concours de L’Ami du peuple et du Figaro. Un triomphe en présence du tout Paris !

Les jeunes n’ont rien connu du cinéma d’avant-guerre. Aussi ne connaissent-ils de ma production que quelques féeries provenant de la collection Dufayel qui ont survécu par hasard et qu’on a retrouvées il y a 4 ans. Et c’est pourquoi, tout en me couvrant d’éloges, ils me taxent souvent de naïveté, ignorant certainement que j’ai abordé tous les genres.

Georges Méliès

De nombreux journalistes s’indignent des conditions de vie du cinéaste et de l’oubli total des politiques. En mars 1931, lors d’un banquet de la corporation cinématographique, Méliès est enfin reconnu par la profession, avec Louis Lumière, comme « l’un des deux piliers du cinéma français ».

Puis parrainé par Louis Lumière, Georges Méliès reçoit la Légion d’Honneur le 22 octobre 1931 lors d’un banquet de 800 convives au Claridge (Ciné-Comœdia, 23 oct. 1931).

La retraite au château d’Orly

En 1932, la France traverse une grave crise économique. La boutique de jouets n’est plus rentable. Georges Méliès, sa femme et sa petite-fille sont accueillis au château d’Orly, propriété de la Mutuelle du Cinéma, où des retraités du cinéma peuvent couler des jours heureux.

Le 21 janvier 1938, Georges Méliès décède à l’hôpital Léopold Bellan, 19-21 rue Vercingétorix, dans le 14ème arrondissement. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Pour la petite histoire, en 2019, l’appel aux dons du Georges Méliès Project a permis de recueillir plus de 42 000 euros pour restaurer la tombe du cinéaste. Ce projet est porté par une partie des descendants d’André, le fils de Georges Méliès : son petit-fils, Pascal Duclaud-Lacoste et son arrière petite-fille Pauline Duclaud-Lacoste(4). La restauration est en cours.

La quête des films de Méliès

Sur les 520 films de la Star Film, il n’en restait que huit retrouvés fortuitement et présentés lors de la soirée de gala en l’honneur de Méliès en décembre 1929 : Illusions fantastiques, Papillon fantastique, Le juif errant, Le locataire irascible, Les hallucinations de Münchhausen, Les 400 coups du diable, Le voyage dans la lune et A la conquête du pôle.
Ces films ont été retrouvés tout à fait par hasard. Cette anecdote est racontée dans le livre de Madeleine Malthète-Méliès. Jean-Placide Mauclaire (1905-1966), directeur du Studio 28, « est tombé en panne de voiture dans un petit village normand. Le garagiste qui vient à son aide aperçoit à l’intérieur du véhicule quelques boites de film et dit négligemment : Tiens, il y a le même genre de boîtes dans la laiterie du château de Jeufosse. Intrigué, Mauclaire qui sait que le château de Jeufosse a appartenu à Dufayel, le marchand de meubles qui avait ouvert une salle de cinéma dans ses magasins et avait été un des meilleurs clients de Méliès, se rend au château dès que la réparation est faite. Le garagiste n’a pas menti : des dizaines de boîtes s’entassent dans la laiterie ! ». Mauclaire a dû se livrer à un énorme travail pour les remettre en état pour la projection, les faisant contretyper, pour certaines, et recolorier, comme les originaux.
Dans son allocution, Méliès précise que les films projetés à l’occasion du gala ne représentent qu’un des genres de films qu’il produisait, le genre fantastique ou féérique.

Sa petite-fille, Madeleine Malthète-Méliès, fervente défenseure de l’œuvre de son grand-père, est parvenue à en retrouver 210. La plupart des films a été retrouvé dans le réseau international des cinémathèques mais d’autres l’ont été dans des lieux pittoresques comme un poulailler, un grenier ou une cave. Concernant la collection « non-film » conservée depuis 2005 par la Cinémathèque française, elle se compose de plus d’un millier de pièces : photos de plateau, dessins de Méliès, peintures, affiches, costumes (tel le manteau du professeur Barbenfouillis du Voyage dans la lune), objets magiques uniques (l’armoire du Décapité récalcitrant, le Carton Fantastique de Robert-Houdin).

Anne-Marie Malthête-Quévrain, arrière petite fille de Méliès raconte : « Cette collection est constituée d’éléments achetés en salle de vente, à des collectionneurs, des brocanteurs etc, avec les deniers personnels de mes parents. Ma mère [Madeleine] réinvestissait le fruit de ses droits d’auteur et de ses conférences dans l’achat de ces éléments et le tirage de copies et de safety des films retrouvés« .

Les hommages du cinéma

Georges Méliès apparait lui-même dans la plupart des films qu’il a produit et réalisé entre 1896 et 1913. Mais il est aussi le personnage central d’au moins deux films, à ma connaissance, « Le grand Méliès » de Georges Franju en 1952 et « Hugo Cabret » de Martin Scorsese en 2011, et d’un dessin animé, « Jack et la mécanique du cœur » (2014).

Le magasin de jouets aujourd’hui ?

Il est difficile de reconstituer l’histoire de la boutique de jouets de la gare Montparnasse, depuis le départ en retraite de Jehanne d’Alcy et Georges Méliès. Ma rencontre avec Thierry Leroux, le gérant de la boutique Tikibou (33 boulevard Edgar Quinet, 14e arr.) me permet d’en apprendre un peu plus. En reprenant le commerce en 2004, son prédécesseur, André Carage, lui raconte que dans les années 1960, à l’occasion du projet « Maine-Montparnasse » qui prévoit le démantèlement de l’ancienne gare de l’Ouest et la construction de la Tour Montparnasse, la boutique déménage sur le boulevard Edgar Quinet.

Thierry Leroux, le gérant de la boutique de jouets Tikibou (photos : Les Montparnos, mai 2021)

En visitant les réserves, Thierry remarque les meubles en bois de l’ancienne boutique de la gare et décide de leur donner une troisième vie. A présent vous pouvez les voir en magasin et leurs tiroirs abritent des trésors qui font le bonheur des petits et grands. Véritable caverne d’Ali Baba, Tikibou est comme la partie immergée d’un iceberg. Si vous ne trouvez pas ce que vous cherchez, demandez à la sympathique équipe qui ira peut-être le dénicher dans les nombreux rayonnages des réserves.

Dans la cour du 33 boulevard Edgar (14e arr.) se trouvent les réserves de la boutique Tikibou (photos : Les Montparnos, mai 2021).


Tikibou Jouets
Figurant certainement parmi les plus anciennes et les plus traditionnelles boutiques de jouets de Paris, Tikibou propose des jouets anciens et en bois, mais aussi les dernières nouveautés pour tous les âges et toutes les bourses.
Plus d'infos | tel : 01 43 20 98 79

En savoir plus sur Georges Méliès



Musée Méliès, la magie du cinéma
La Cinémathèque française propose une exposition permanente autour de Georges Méliès, à partir des collections de la cinémathèque et du CNC. Tout au long du parcours, le visiteur découvre plus de 300 machines, costumes, affiches, dessins et maquettes. A partir du 19 mai 2021 - plus d'infos
"Georges Méliès, l'enchanteur"
"Georges Méliès, l'enchanteur" par Madeleine Malthête-Méliès
Pudique et tendre, très documenté, le témoignage irremplaçable de Madeleine Malthête-Méliès sur son grand-père fait revivre l'homme Méliès et toute son époque, dans une réédition revue et augmentée. 
éd. la Tour verte, 2011 - 1ère édition en 1973

(1) Le nom de naissance de Jehanne d’Alcy est Charlotte Lucie Marie Adèle Stéphanie Adrienne Faës (1865-1956). On la connait aussi sous le nom de Fanny Manieux, lors de son premier mariage avec Gustave Marcel Manieux (1856-1887). Veuve, elle épouse Georges Méliès (1861-1938), en seconde noce, en décembre 1925.
(2) Amand Pierre Fontaine (1894-1988), artiste lyrique, mari de Georgette Eugénie Jeanne Méliès (1888-1930), avait pour nom de scène Armand Fix, du nom de jeune fille de sa mère, Pauline Fix (1857-1942).
(3) La Star Film n’est pas une société mais une marque déposée. Georges Méliès réalise ses vues animées avec ses capitaux personnels.
(4) Pour mieux comprendre les liens de parenté de la famille Méliès, consultez cet arbre généalogique.


Cet article publié une première fois en décembre 2020 a été mis à jour en décembre 2021 grâce aux informations données par Anne-Marie Quévrain, arrière petite fille de Georges Méliès. Je l'en remercie. 

Les sources de cet article : le site de la Cinémathèque Méliès – Les Amis de Georges Méliès, le documentaire « Le Mystère Méliès » (2020) disponible en replay jusqu’au 12 novembre 2021, « Georges Méliès, inventeur » article de Paul Gilson (L’Ami du peuple, 18 oct. 1929), « Un voyage à travers l’impossible » par Paul Gilson (L’Ami du peuple, 13 déc. 1929), « Georges Méliès » par F. de Casanova (Comœdia, 13 déc. 1929), « A propos du gala Méliès » par Roger de Lafforest (L’ami du peuple du soir, 13 déc. 1929), « Georges Méliès à l’honneur » par Arlette Jazarin (Comœdia, 21 mai 1931), « Aux temps héroïques du cinéma, Georges Méliès » (Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 19 sept. 1931), « A l’aube du cinéma – Les souvenirs de Georges Méliès » (L’Image, 1er janv. 1932), « Comment Georges Méliès couronna Édouard VII… » (Paris-Soir, 15 mai 1937), « Hier soir à la Cité Universitaire… » par Georges Bateau (Paris-Soir, 8 juil. 1937), « Gloire et tristesse de Georges Méliès » par André Robert (Le Figaro, 24 sept. 1937), « Georges Méliès est mort » par André Robert (Le Figaro, 23 janv. 1938), hommage à Georges Méliès par Georges Sadoul (Regards, 3 fév. 1938), l’interview de Madeleine Malthête-Méliès dans l’émission « Emmenez-moi » (France Inter, 12 mai 2012), l’article du site Bilan (2 fév. 2021), les sites de la BIFI, de la Cinémathèque de Québec, de Domitor et Wikipedia.