L’atelier d’Antoine Bourdelle

Il reste encore de nombreux ateliers d’artistes dans le quartier Montparnasse, mais peu sont restés dans leur jus et surtout accessibles au public. C’est pourtant le cas de celui d’Antoine Bourdelle dans le 15ème arrondissement. Voici quelques informations pour préparer votre visite…

Emile-Antoine Bourdelle est né à Montauban (82) le 30 octobre 1861. Très jeune il devient l’assistant de son père menuisier-ébéniste et montre des dispositions pour travailler la matière et le bois. Il prend des cours de dessin à l’école municipale et à quinze ans obtient une bourse pour étudier aux Beaux-Arts de Toulouse.

En 1884, âgé de 23 ans, Bourdelle monte à Paris pour étudier dans l’atelier des Beaux-Arts dirigé par le sculpteur Alexandre Falguière (1831 – 1900).

Ayant besoin d’espace pour son travail, en 1885, il s’installe au 16 impasse du Maine (l’actuelle rue Antoine Bourdelle), alors situé au milieu des champs de blé et des vignes.

Antoine Bourdelle (1861-1929) couronné de laurier, dans son atelier de l’impasse du Maine (crédit : Musée Bourdelle / Roger-Viollet – source : Paris en images)

Cette impasse regroupe plusieurs ateliers, notamment celui du sculpteur Jules Dalou (1838 – 1902). Bourdelle partage avec le peintre, Eugène Carrière (1849 – 1906), les ateliers en bois donnant sur le jardin intérieur.

L’appartement et le portail ouvert d’Antoine Bourdelle (1861-1929), au 16 impasse du Maine, dans le 15ème arr. de Paris (crédit : Musée Bourdelle / Roger-Viollet – source : Paris en images)

En 1886, Bourdelle claque la porte de l’atelier des Beaux-Arts.

« Je quitte l’école, j’en ai assez, je ne comprends rien à tout ce système de prix, de concours. Il faut qu’à 30 ans j’aie donné ma mesure, et mon travail à moi c’est la rue, c’est la vie. »

Antoine Bourdelle

En 1893, il est engagé comme praticien par Auguste Rodin (1840 – 1917) afin de travailler sur Les Bourgeois de Calais, inaugurée en 1895, et la statue de Balzac, réalisée entre 1891 et 1897. En sculpture, un praticien est l’ouvrier qui met au point une statue, d’après le modèle de l’artiste.

La sculpture la plus connue de Bourdelle

Pour la création de Héraklès archer, commandée par le financier et mécène Gabriel Thomas (1854-1932) pour sa maison de Meudon Bellevue, Antoine Bourdelle demande à son ami le commandant André Doyen-Parigot (1864-1916) de poser pour lui. Ce militaire était un sportif accompli. Le déploiement du corps et la tension des muscles exigés par le tir à l’arc mettent en valeur la musculature du modèle accomplissant deux efforts contraires, celui du bras tendant un arc et celui du pied prenant appui sur un rocher. Bourdelle a modifié la tête de son modèle, celui-ci ayant demandé qu’il soit impossible de le reconnaître.

Antoine Bourdelle (1861-1929) et son modèle posant pour l’Héraklès archer (crédit : Musée Bourdelle / Roger-Viollet – source : Paris en images)

Bourdelle enseignant

En 1909, son Héraclès archer lui permet d’enseigner à l’Académie de la Grande chaumière où, parmi ses élèves, on trouve notamment Alberto Giacometti.
Ci-dessous, dans cette archive du Musée Bourdelle, on retrouve le sculpteur entouré de ses élèves de l’académie en 1922.

Bourdelle intime

En mars 1904, Bourdelle épouse Stéphanie Van Parys (1877-1945). De leur union naît un fils, Pierre Bourdelle (1903-1966), qui deviendra sculpteur et décorateur et fera carrière aux États-Unis.
L’arrivée de Cléopâtre Sévastos (1882-1972) à Paris en 1903, et plus précisément dans l’atelier de Bourdelle pour y apprendre la sculpture, va bouleverser la vie sentimentale et artistique du sculpteur.
En 1910, Bourdelle divorce de Stéphanie et en 1911, Cléopâtre accouche de Rhodia (1911-2002), leur fille. Il épouse Cléopâtre en juin 1918.

En 2013-2014, l’exposition Bourdelle intime permettait de plonger dans les archives personnelles du sculpteur.

Le musée-atelier Bourdelle

Antoine Bourdelle (1861-1929), sculpteur français, dans son atelier. Paris, vers 1910. (crédit : Collection Roger-Viollet / Roger-Viollet – source : Paris en images)

Antoine Bourdelle décède le 1er octobre 1929. Vingt ans plus tard, le musée est inauguré sur le lieu même où le sculpteur a vécu et travaillé. Il a été rendu possible grâce à la générosité du mécène Gabriel Cognacq (1880 – 1951), neveu et héritier de Ernest Cognacq, le fondateur de la Samaritaine, ainsi qu’à la persévérance de Cléopatre Bourdelle-Sévastos, l’épouse du sculpteur, puis de sa fille Rhodia Dufet-Bourdelle.

En 1950, Cléopâtre Bourdelle-Sévastos et sa fille Rhodia Dufet-Bourdelle (à gauche) devant « La Femme sculpteur au repos », une œuvre d’Antoine Bourdelle (crédit : Boris Lipnitzki / Roger-Viollet – source : Paris en images)

Deux extensions seront réalisées par la suite. La première par Henri Gautruche (1885 – 1964) en 1961, à l’occasion du centenaire de la naissance d’Antoine Bourdelle pour exposer ses plâtres, et une seconde par Christian de Portzamparc (1944 – ) en 1992, qui permet d’accueillir des expositions temporaires.

Le musée en images


Musée Bourdelle – 18, rue Antoine Bourdelle – 75015 Paris – M° Falguière ou Montparnasse-Bienvenüe – Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Fermé le lundi. L’accès aux collections permanentes est gratuit.
Ce musée fait partie de Paris Musées, la quinzaine de musées de la ville de Paris. Découvrez en vidéo ses dernières expositions.

Le Musée de La Poste

Après plusieurs années de travaux, le Musée de La Poste a rouvert en novembre 2019. A part l’emblématique façade, le bâtiment et la muséographie ont été totalement repensés. Si vous avez connu le précédent musée, vous serez sans doute étonné par l’impression d’ouverture et de luminosité de cette nouvelle version…

C’est à Berlin et Saint-Pétersbourg que naissent les premiers musées postaux européens dans la seconde moitié du XIXe siècle. En France, il faut attendre 1936 pour qu’un projet de musée postal soit lancé par Eugène Vaillé (1876 – 1959), historien postal, et validé par le ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones, Georges Mandel (1885 – 1944). La seconde guerre mondiale retardant sa concrétisation, le Musée postal n’est finalement inauguré que le 4 juin 1946 et hébergé dans l’hôtel particulier de Choiseul-Praslin, dans le 6e arrondissement de Paris.

Construit dans les années 1720, l’hôtel particulier de Choiseul-Praslin, au 4 rue Saint-Romain, à l’angle de la rue de Sèvres (6ème arr.), est racheté par l’État en 1886 pour y installer la Caisse nationale d’épargne. Il offre 600 m² d’exposition pour le musée postal inauguré le 4 juin 1946. (Crédit : Les Montparnos, mai 2010)

Devenu trop étroit et peu adapté à la conservation et la présentation de ses collections, le musée déménage en 1973, au 34 boulevard Vaugirard (15ème arr.), dans un immeuble dédié, conçu par l’architecte en chef des Postes, également Grand prix de Rome, André Chatelin (1915 – 2007), et situé dans le quartier Maine-Montparnasse, lui-même en pleine mutation depuis les années 1960.

Pour des raisons de conservation des œuvres exposées et leur protection à la lumière, Chatelin opte pour une façade majoritairement aveugle, ornée de panneaux en relief sculptés par Robert Juvin (1921 – 2005).

J’apprends que ces blocs de béton préfabriqués, aux 2 700 prismes en pointe de diamant, sont censés rappeler le poinçon de gravure des timbres.

(Crédit : Les Montparnos, sept. 2020)

Fermé pour travaux en 2015, sa mise en conformité, notamment pour l’accessibilité à tous les publics, est l’occasion de repenser ses espaces et sa muséographie, et de redécouvrir son architecture. Il est amusant de noter que, comme dans les années 1960-70, le quartier est à nouveau en profonde rénovation avec les travaux en cours de la gare, du centre commercial Gaité et de la Tour. Après 4 ans de travaux, il rouvre ses portes en novembre 2019.

Aujourd’hui le bâtiment propose 1000 m² d’exposition permanente et 500 m² d’exposition temporaire. Les collections du musée conservées dans des réserves au sud de Paris comportent plus de 800 000 pièces philatéliques, plus de 225 000 images, 37 000 pièces relatives à l’histoire de La Poste, 30 000 ouvrages imprimés, plus de 6 000 œuvres de Mail Art et d’art contemporain, dont on découvre une infime partie dans la nouvelle exposition permanente.

Le nouveau projet muséal
Différentes enseignes des PTT présentées au Musée de La Poste (Crédit : Les Montparnos, sept. 2020)

Les collections du Musée de La Poste peuvent se classer en trois grandes familles : un ensemble d’environ 4500 objets, comme des machines, des outils, des vêtements de travail, du mobilier, des enseignes, des véhicules, des modèles réduits, des objets d’art décoratif ou des jouets. Dans les collections, il y a aussi 32 500 documents iconographiques (cartes postales, calendriers, estampes, peintures, affiches, cartes de routes de poste, …) ainsi qu’un fonds d’archives historiques consacrées à l’histoire de l’organisation des postes depuis François 1er et à l’art d’écrire et de correspondre à travers les âges.

L’exposition permanente est présentée sur trois niveaux, desservis par un vaste escalier offrant une trouée sur 25 m de haut et présentant des objets totémiques de l’univers postal. La visite débute au 4ème étage auquel on accède en ascenseur.

Les deux premiers plateaux d’exposition sont consacrés à l’histoire de La Poste, des transports postaux, parfois étonnants, aux métiers du tri à la distribution, le tout enrichi d’archives sonores ou audiovisuelles.
Le troisième plateau est consacré au timbre-poste et à la création artistique autour de l’univers postal.

A ne pas manquer…

Le parcours d’une lettre dans les années 1950 et de nos jours, le décryptage des messages envoyés par pigeon voyageur, les touchantes lettres au Père Noël, l’immense fresque de tous les timbres-poste français, les boites aux lettres personnalisées par des artistes…

Et pour prolonger la visite, surfez sur la chaine du Musée de La Poste avec notamment la playlist sur l’histoire de timbres :

En bonus …

Quiz #1 | Dans le jargon des métiers postaux, que signifie :

1- Le petit bleu ?
2- La boite à cocus ?
3- Partir en bombe ?
4- La mignonnette ?
5- La peau de lapin ?

Quiz #2 | Lequel de ces quatre artistes a le plus d’œuvres représentées sur les timbres-poste ?

1- Gauguin
2- Renoir
3- Picasso
4- Rodin

A vous de jouer ! J’attends vos réponses en commentaires…


Cet article s’appuie sur l’ouvrage « Le Musée de la Poste, chronique d’une transformation » (2020) de Simon Texier, éd. Archibooks.
Pour préparer votre visite, consultez le site du musée : www.museedelaposte.fr – Pour en savoir plus sur l’histoire de La Poste, consultez le site de la bibliothèque historique des postes et télécommunications.